Observations à propos de l’observatoire/Observations about the observatory.

La notion d’observatoire renvoie pour nous étymologiquement à la théorie (de θεωρέω, theôréô : « examiner, regarder, considérer ») : l’action d’observer. C’est peu de choses, et nous sommes peu de choses. Nous n’avons pas idée d’être une avant-garde de quoi ou de qui que ce soit, mais nous nous efforçons, dans et par nos observations, de marcher au pas de la réalité (« être d’avant-garde, c’est marcher au pas de la réalité » – I.S, numéro 8).

Nous n’avons ni la prétention de faire aussi bien que les situationnistes, ni d’en être les héritiers, et nos publications à ce jour montrent assez ce qui nous en rapproche et ce qui nous en distingue.

En très bref, ce qui nous en rapproche, c’est de reconnaître activement – c’est-à-dire en nous en servant – la vérité pratique centrale du concept de spectacle (centralement), pour la compréhension et l’intelligence du monde. Ce qui nous en distingue, c’est d’une part une plus grande ouverture à des positions différentes, dont nous cherchons les compatibilités, et aussi de ne pas avoir l’injure ou l’insulte faciles, ce qui nous semble justement un peu trop facile, et sans intérêt.

Une des motivations à l’origine de la formation de l’observatoire, est d’avoir longuement constaté à quel point d’une part le concept de spectacle était intégré au spectacle, pour être si possible définitivement désamorcé ; d’autre part, et a contrario, systématiquement éludé, oublié, abandonné, dans la très grande majorité des publications à vocation ou prétention radicale.

Nous nous sommes efforcés jusqu’ici, avec nos moyens, de le ramener au jour, non par coquetterie ou comme décoration, mais pour en actualiser la réappropriation ; et à vrai dire pour l’instant nous sommes plutôt satisfaits des premiers résultats.

Au-delà de ces points rappelés (déjà abordés dans la revue), nous ne prétendons à rien ; certainement pas à devenir une nouvelle internationale, pas plus à reprendre pour une énième fois le bilan sur les situationnistes (et les post-situationnistes), que ce soit pour les encenser ou les salir.

Ils nous ont beaucoup servi, nous nous en servons. Il n’y a pas d’exclusive là-dedans, ni d’exclusion.

On nous a reproché, tout-à-fait gratuitement, de leur vouer un culte, parfois du seul fait de citer Debord, ou bien de vouloir apporter quelque chose de plus ou de nouveau à l’excellence définitive de tout ce qu’ils auraient fait et dit, du seul fait de ne pas nous borner à les citer ou du fait plus douteux encore d’oser ajouter le terme situationniste à notre activité.

Il ne transparaît pourtant nulle part aucun culte de Debord dans nos productions ; nous n’avons pas non plus bricolé quelque nouveau concept foudroyant et nous ne sommes pas plus situationnistes que toute personne qui utilise, plus ou moins consciemment, l’outillage théorique anti-spectaculaire.

Enfin, pour terminer ce petit tour d’horizon, nous dirons quelques mots sur ce qui peut se dire  ici et là à notre propos et aussi sur les contacts qui peuvent s’établir avec nous.

Si on nous tient généralement dans un silence prudent (ce que nous pouvons comprendre) et l’ignorance délibérée (ce qui est un sort banal que nous assumons volontiers), on a pu déjà, quoique très rarement encore, évidemment nous calomnier à divers degrés de délire, de manipulation ou de ressentiment. Nous disons qu’il suffit à toute personne honnête de s’enquérir de qui le fait et de comment, pour renvoyer tout naturellement ces crachats à l’expéditeur.

Mais nous avons aussi et bien plus souvent reçu des marques de sympathie et d’intérêt, qui évidemment nous font le plus grand bien, et nous aident à grandir, puisque nous sommes assurément critiquables.

Et puis enfin, nous recevons assez régulièrement des propositions de collaborations. Certaines sont, de toute évidence, suspectes (et comiques), et il n’a pas été trop difficile de les dissuader jusqu’ici. D’autres sont apparemment pleines d’enthousiasme, mais très désarmées ou motivées par l’espoir d’associer son nom à notre entreprise, ce que son anonymat suffit à décourager, une fois qu’il a été rappelé. Enfin quelques-unes, discrètes, apportent de très utiles contributions à la poursuite et l’amélioration de notre entreprise.

Nous ne savons pas si celle-ci aura à la fin été utile à l’époque, ou du moins à quelques-uns dans cette époque, mais nous ne pouvions pas faire moins que ce que nous essayons de faire, qui est une préparation stratégique à la fonte de la banquise de la société du spectacle.

PS. Un extrait amusant d’un échange récent :

« … Je serai ravi de discuter sérieusement de la société du spectacle… pas sûr que Debord apprécie les épigones… »

« Pour tout vous dire Debord n’apprécierait probablement pas que qui que ce soit parle au nom de l’internationale situationniste… donc, par respect pour lui, je décline votre offre. »

  • L’offre de discussion que vous déclinez était de vous… Pour le reste, nous ne parlons pas au nom de l’internationale situationniste. De même, nous ne parlons pas au nom de Debord, pour évaluer ce qu’il apprécierait ou non. Par respect pour lui d’une part, et aussi parce que nous ne sommes pas ses suivistes. Il eut suffit de jeter un œil sur nos publications, sans même le faire sérieusement, pour comprendre tout cela. Nous préférons, au respect passif des situationnistes, en faire usage librement. Sans autre prétention.

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On trouve sur la page d’accueil du site : d’autres éléments de présentation, les archives de nos publications, un moteur de recherche par mots clés, les liens des 3 PDF de la revue, les liens du livre Généalogie du dieu argent.

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Observations about the observatory.

The notion of observatory refers for us etymologically to theory (from θεωρέω, theôréô: « to examine, look at, consider »): the action of observing. This is little, and we are little. We have no idea of being a vanguard of anything or anyone, but we strive, in and through our observations, to walk in step with reality (« to be vanguard is to walk in step with reality » – I.S, number 8).

We have no pretension of doing as well as the situationists, nor of being their heirs, and our publications to date show enough of what brings us closer to them and what distinguishes us from them.

In very short, what brings us closer is the active recognition – that is, the use – of the central practical truth of the concept of spectacle for the understanding and intelligence of the world. What distinguishes us from it is, on the one hand, a greater openness to different positions, whose compatibilities we seek, and also not to have the easy insult or the insulting, which seems to us precisely a little too easy, and without interest.

One of the motivations at the origin of the formation of the observatory, is to have noticed for a long time to what extent on the one hand the concept of spectacle was integrated to the spectacle, to be if possible definitively defused, on the other hand, and a contrario, systematically evaded, forgotten, abandoned, in the very great majority of the publications with a radical vocation or pretension.

We have tried until now, with our means, to bring it back to the day, not by coquetry or as a decoration, but to actualize its reappropriation; and to tell the truth, for the moment we are a little satisfied with the first results.

Beyond these recalled points (already addressed in the journal), we don’t pretend to do anything; certainly not to become a new international, nor to take up for the umpteenth time the assessment of the situationists (and post-situationists), whether to praise them or to sully them.

They have served us well, we are using them. There is no exclusivity in this, no exclusion.

We have been reproached, quite gratuitously, for worshipping them, sometimes for the mere fact of quoting Debord, or for wanting to bring something more or something new to the definitive excellence of everything they have done and said, for the mere fact of not limiting ourselves to quoting them, or for the even more dubious fact of daring to add the term situationist to our activity.

However, nowhere in our productions is there any cult of Debord; nor have we cobbled together some new lightning concept, and we are no more situationists than anyone else who uses, more or less consciously, the theoretical tools of anti-spectatorship.

Finally, to conclude this little overview, we would like to say a few words about what may be said here and there about us and also about the contacts that may be established with us.

If we are generally kept in a cautious silence (which we can understand) and deliberate ignorance (which is a commonplace fate that we gladly accept), we have already been slandered, although very rarely, to varying degrees of delirium, manipulation or resentment. We say that it is enough for any honest person to inquire who is doing it and how, to naturally return this spittle to the sender.

But we have also and much more often received expressions of sympathy and interest, which obviously do us a great deal of good, and help us to grow, since we are certainly open to criticism.

And finally, we receive quite regularly proposals of collaborations. Some of them are obviously suspicious (and comical), and it has not been too difficult to dissuade them so far. Others are apparently full of enthusiasm, but very disarmed or motivated by the hope of associating their name with our company, which their anonymity is enough to discourage, once they have been called back. Finally, some of them, discreetly, make very useful contributions to the continuation and improvement of our enterprise.

We don’t know if this one will have been useful in the end, or at least to some in this time, but we couldn’t do less than what we are trying to do, which is a strategic preparation to the melting of the ice of the spectacle society.

PS. An amusing excerpt from a recent exchange:

« …I’d be happy to have a serious discussion about the society of the spectacle…not sure Debord appreciates the epigones… »

« To tell you the truth, Debord probably wouldn’t appreciate anyone speaking on behalf of the situationist international… so, out of respect for him, I decline your offer. »

  • The offer of discussion that you decline was from you… For the rest, we do not speak in the name of the situationist international. Likewise, we do not speak in the name of Debord, to evaluate what he would or would not appreciate. Out of respect for him on the one hand, and also because we are not his followers. It would have been enough to look at our publications, without even doing it seriously, to understand all this. We prefer, to the passive respect of the situationists, to use them freely. Without further pretension.

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On the home page of the site you will find: other elements of presentation, the archives of our publications, a keyword search engine, links to the 3 PDFs of the review, links to the book Genealogy of the Money-God.


Une réponse à “Observations à propos de l’observatoire/Observations about the observatory.”

  1. Cher(e) Camarades,
    Cette clarification theorico-pratique autant que stratégique me convient parfaitement.
    Elle a le mérite de préciser l’urgence de combattre la déficience cognitive généralisée (individuelle et collective), corollaire autant que facteur causal de la fausse conscience ( il n’est qu’à écouter le niveau du langage employé dans le mouvement social français actuel…)
    De surcroît se référer aux écrits des Vieux de l’IS, ne sous entend aucun fétichisme particulier. De même que la négation de l’économie est le préalable à la critique de l’économie politique, de même la négation de tout fétichisme IS est le préalable au dépassement ( dialectique ) des apports conceptuels situationnistes .

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