Des déductions que l’on tire « de la nature de la société dans laquelle nous vivons. »

(Voir l’article à ce sujet).

(Nous parlerons à mots couverts. Nous laissons à la sagacité (« pénétration, finesse, vivacité d’esprit qui fait découvrir et comprendre les choses les plus difficiles ») de nos lecteurs le soin d’en comprendre les raisons.)

La critique radicale (à la racine) s’est quelque peu éparpillée depuis 1967, ce qui n’est pas inintéressant dans la mesure où ont été ainsi analysés et démontés des rouages, des matériaux et des composants déterminants de la fabrication de la société du spectacle.

Ce qui est dommage et dommageable, c’est que le point de vue unitaire s’est perdu, et qu’à la place divers courants se sont employés à en dévaloriser d’autres, en les évaluant de façon réductrice par le petit bout de leurs lorgnettes préférées. Ce qui a produit une importante quantité de demi-vérités taillées en forme de flèches empoisonnées.

L’omission de la théorie du spectacle dans l’exposé de la genèse de ces nouveaux concepts censés remplacer avantageusement le point de vue unitaire  a été généralement volontaire : l’héritage situationniste est encombrant ; difficile d’y faire un tri, difficile de prendre ou de ne pas prendre parti, et Debord est difficile à lire, sans parler du personnage, encore plus encombrant.

Quoi qu’on en dise, nous saluons pourtant l’attitude aussi élégante qu’honnête et rigoureuse que Jaime Semprun a su maintenir publiquement à cet égard (et dans le privé aussi à notre connaissance). Ce qui n’est sans doute pas pour rien dans la force de frappe que ses écrits conservent : sans prétendre avoir le monopole de l’intelligence, il en a assurément assimilé le mode d’emploi, qui tient au maintien au moins implicite du point de vue unitaire.

Des pages et des pages d’éristique ont été remplies à ce sujet, nous n’en dirons pas plus pour notre part. Et bien évidemment, nous n’avons aucunement la prétention, ni les moyens, ni le goût, ni d’ailleurs l’objectif de considérer nos apports comme pouvant et devant rivaliser avec tant de pertinence (se reporter à ce sujet aux textes d’introduction de la revue numéros 1 et 2).

Nous faisons juste ce qu’il faut, dans la mesure de nos moyens, pour établir les observations qui peuvent être utiles pour comprendre à la racine le mensonge central de ce monde. On comprendra sans peine l’utilité de cette démarche, et si on ne la comprend pas, le monde s’en chargera.

Il est important de notre point de vue de laisser non une signature mais des traces aux quatre coins du monde. Il est là aussi facile à deviner pourquoi cette part stratégique doit rester secrète.

Et donc voilà. Puisque nous vivons dans la société du spectacle, et qu’elle produit industriellement hypnose, fétichismes, passivité, sur fond de falsification de tout, il est nécessaire de subvertir les normaux ; déstabiliser les bonnes et les fausses consciences, détecter leurs failles et contribuer à aider les regards de ceux qui ont assez dormi à supporter à la fois la poussière laissée par les marchands de sable et la lumière qui cherche encore son siècle.

Pour le dire par métaphore : si vous voulez comprendre la pièce qui se joue, ce qu’elle produit chez les spectateurs, ce n’est que secondairement qu’il vous faut – et il le faut certainement – analyser le détail de chaque scène et des moindres répliques, pas plus que la composition des planches, des costumes, des décors, et ce qu’elle implique de maltraitances et de nuisances.

La comédie est déjà finie, un vieux chant populaire de Toscane conclut plus vite et plus savamment : « E la vita non è la morte, ó E la morte non è la vita. ó La canzone è già finita. »

Inferences that are drawn « from the nature of the society in which we live. »

(see article on this subject).


(We will speak in words. We leave it to the sagacity (« penetration, finesse, sharpness of mind which makes one discover and understand the most difficult things ») of our readers to understand the reasons).


The radical critique (at the root) has been somewhat scattered since 1967, which is not uninteresting insofar as it has analyzed and dismantled the cogs, the materials and the determining components of the fabrication of the society of the spectacle.

What is unfortunate and damaging is that the unitary point of view has been lost, and that in its place various currents have worked to devalue others, evaluating them in a reductive way through the small end of their favorite lorgnettes.

This has produced a large quantity of half-truths cut in the shape of poisoned arrows. The omission of the theory of the spectacle from the presentation of the genesis of these new concepts, which are supposed to replace the unitary point of view to good effect, has generally been voluntary: the situationist heritage is cumbersome; it is difficult to sort through it, difficult to take sides or not, and Debord is difficult to read, not to mention the character, which is even more cumbersome.

However, we salute the elegant, honest and rigorous attitude that Jaime Semprun has maintained publicly in this regard (and privately as well, to our knowledge). Without claiming to have a monopoly on intelligence, he has certainly assimilated the instructions for its use, which are based on the at least implicit maintenance of the unitary point of view.

Pages and pages of eristics have been filled on this subject, we will say no more about it for our part. And of course, we have neither the pretension, nor the means, nor the taste, nor the objective to consider our contributions as being able to and having to compete with so much relevance (see on this subject the introductory texts of the review numbers 1 and 2).

We just do what is necessary, as far as we can, to establish the observations that can be useful to understand at the root the central lie of this world. The usefulness of this will be readily understood, and if it is not understood, the world will take care of it. It is important from our point of view to leave not a signature but traces in the four corners of the world. It is also easy to guess why this strategic part must remain secret.


And so there you have it. Since we live in the society of the spectacle, and since it industrially produces hypnosis, fetishism, passivity, on the background of falsification of everything, it is necessary to subvert the normals; to destabilize the good and the false consciences, to detect their faults and to contribute to help the eyes of those who have slept enough to support at the same time the dust left by the sand merchants and the light which still seeks its century.


To put it metaphorically: if you want to understand the play that is being performed, what it produces in the spectators, it is only secondarily that you have to – and you certainly have to – analyze the details of each scene and of the smallest lines, no more than the composition of the boards, the costumes, the sets, and what it implies of maltreatments and nuisances.

The comedy is already over, an old popular song from Tuscany concludes faster and more skillfully: « E la vita non è la morte, ó E la morte non è la vita. ó La canzone è già finita. »