« Pourriez-vous s’il vous plaît reconnaître l’imposture que vous appelez « démocratie », qui consiste à choisir parmi vos candidats déjà choisis lequel nous manipulera, et exposer enfin clairement l’absurdité de cette non vie que vous nous faites vivre, qui se résume à produire comme des machines et consommer comme des zombies des objets empoisonnés qui nous rendent malades et pourrissent la terre, pour la publicité desquels des millions sont investis, qui en augmentent le prix et l’illusion, et l’aberration de l’accumulation d’argent entre les mains des riches au détriment de l’immense majorité des gens qui peinent à joindre les deux bouts, quand il reste des bouts, et nous montrer l’étendue du scandale de vos privilèges qui rendent si insultante votre condescendante démagogie, et comment vous êtes main dans la main avec les fossoyeurs industriels de la terre et de nos jours, et aussi avec tous ces médiatiques rassis bien assis qui nous saoulent de leurs airs complices, et ouvrir pour finir bien grand le rideau en lambeaux censé masquer le mirage qui nous entraîne dans le naufrage universel, sans arche pour en réchapper, ou bien vous pensez-vous ses guides indispensables quoi qu’il en coûtera, tout en préparant ce monde ravagé où vous essaierez de survivre à l’asphyxie depuis vos bunkers et vos guerres sans merci ? Merci. »
La démocratie totalitaire qu’a instaurée la dictature du libre-échange a été contrainte de rafistoler la peur dont aucun pouvoir hiérarchique ne peut se passer. Après la retombée d’une panique suscitée par la gestion tragi-comique du coronavirus, après le flop de la terreur nucléaire importée d’Ukraine, après une trop incertaine invasion d’extra-terrestres, on se serait volontiers rabattu sur ce furoncle d’extrême droite qui avait servi à Mitterrand pour assainir sa fistule pétainiste, mais l’abcès était crevé de longue date.
C’est donc à une terreur en panne d’idéologie, à une répression aveugle, à un viol collectif, à une horreur sans appellation contrôlée que recourent désormais les forces de l’Ordre étatique et supra-étatique.
Nous sommes la proie d’un fascisme botté, casqué, motorisé, violant, violeur, matraqueur, éborgneur, tueur. Il ne relève pas du parti d’extrême-droite, même si celui-ci applaudit à ses exploits.
Sa barbarie porte le sceau de la légalité. Elle est le mode d’expression des milices gouvernementales et mondialistes. Le fascisme est le bras armé du parti de la mort. Il est par excellence le culte de la charogne. Il en perçoit la dîme.
Ensauvagés par le ressentiment, les frustrations dont ils se vengent en tabassant et en massacrant ce qui passe à portée, les policiers ont quelques raisons de se gausser de notre indignation, de nos protestations humanitaires, de nos pétitions, de nos cahiers de doléances. Pourquoi se priveraient-ils de ricaner quand ils nous voient implorer la clémence de pantins mécanisés dont ils enragent secrètement d’être la vile serpillière ?
Ce qu’ils attendent fébrilement n’est pas qu’on les aime mais qu’on les haïsse.
Leur haine de soi et de la vie se nourrit de la peur qu’ils éprouvent et qu’il propagent. Les conflits du passé ne manquaient pas de clarté. L’ennemi faisait sens, il était le nazi, le communiste, l’envahisseur, le barbare venu d’ailleurs. Mais pour taper sur une foule de promeneurs, quelle raison la matraque invoquera-t-elle si, par le plus improbable des hasards, il lui arrive de penser ?
Cette absence de raison est par elle même une question. Ne pas y répondre la renvoie au demandeur. Il se peut qu’elle tourne et se retourne en lui, qu’elle le taraude de son absurdité. Mais combien de temps prendra-t-elle pour inciter la troupe à dresser la crosse en l’air ?
L’autre solution est de répondre mais en n’apportant pas la réponse attendue. Quelle est la réponse espérée ? L’exécration, le rejet, le mépris, la tenue de combat, la descente dans l’arène. Un comportement où nous perdrions notre humanité pour avancer en porte-à-faux et entrer en barbarie.
Puisque la réaction attendue est « on va vous rendre l’existence impossible », décrétons, à l’inverse, « nous allons vous rendre la vie possible. » Non par esprit de provocation mais parce que nous restons fidèles au projet humain qui est le nôtre.
Il serait illusoire, voire ridicule, de miser sur un travail de dissociation du policier, qui lui laisse une chance de recouvrer son humanité en désertant la machine à broyer le vivant, dont il est lui-même victime. Mais que risquons-nous à lui signifier – de loin et à l’abri de ses réflexes sado-masochistes – que nous ne voulons ni pardon ni talion ? Que nous voulons seulement que la vie soit à tous et à toutes, sans exclusion.
Nous n’avons pas de message à adresser, nous avons une expérience à mener sans discontinuer. Il nous appartient de poursuivre l’occupation de notre terre, d’autogérer notre eau, de fonder partout dans le monde des micro-sociétés où les assemblées permettent à chacun la libre expression de ses désirs, leur affinement, leur harmonisation (l’expérience zapatiste montre que c’est possible.)
Osez parler d’utopie et de chimère alors que la France retrouve l’élan qui la libéra de l’Ancien régime ? Alors que s’esquissent sous nos yeux des collectivités où s’incarnent dans l’authenticité vécue ces idées d’égalité, de liberté, de fraternité, qui avaient été vidées de leur substance ?
Notre révolution sera celle de la jouissance contre l’appropriation, de l’entraide contre la prédation, de la création contre le travail.
Ne rien céder sur l’invariance de notre projet humain tisse une cohésion existentielle et sociale qui a les moyens et l’ingéniosité de pratiquer une guérilla démilitarisée soumettant à un harcèlement constant le totalitarisme étatique pourrissant.
Ceux qui misent sur notre essoufflement ignorent que le souffle de la vie est inépuisable. A courir en revanche partout où l’on détruit leurs machines, comment les oppresseurs ne s’étoufferaient-ils pas à perdre haleine ?
Nous entrons dans l’ère de l’autogestion et du renversement de perspective.
Nous n’avons connu de vie que sous l’ombre glacée de la mort. Nous n’avons rien entrepris sans penser que notre entreprise était vaine et insensée.
La France, en se soulevant, ouvre au monde des voies radicalement nouvelles. La créativité poétique du « peuple des bassines » s’inscrit dans un mouvement d’autodéfense du vivant appelé à croître, à se fédérer, à multiplier, non par volontarisme mais parce que c’est cela ou se momifier dans un environnement sans insectes et sans oiseaux.
Nous ne sommes ni Sisyphe ni Prométhée, nous refusons les sacrifices, à commencer par le sacrifice de notre existence. Nous sommes des individus conscients que la vie et la terre leur ont été données avec un mode d’emploi dont ils sont en tant qu’humains les seuls détenteurs.
La vie en quête d’humanité a tous les droits, elle n’a aucun devoir. Tel est le renversement de perspective qui nous affranchit du ciel des Dieux et des idées, et nous remet droit debout, bien ancrés sur la terre.
Nous sommes arrivés à un point de rupture avec un passé qui nous a mécanisés (le comportement militaire en fait partie). Nous sommes le point de départ d’un présent qui ne régressera plus. Nous sommes la renaissance d’une vie que rien n’a réussi à étouffer et qui maintenant revendique sa souveraineté.
Regardez ! Nous étions une poignée de gueux, le gratin des rien-du-tout. Nous sommes des millions à découvrir une intelligence du vivant qui nous tient quitte de l’intelligence morte, qui nous a gérés comme des choses. Nous ne sommes plus une marchandise. Nul besoin de fanfaronner pour le faire savoir. Commençons par la base : plus d’école inféodée au marché, plus d’agriculture dénaturée, plus d’ordres à donner ni à recevoir !
Il faut cesser de raisonner en termes de victoire et de défaite, comme des encasernés. La militarisation des corps et des consciences, ça suffit !
Ce qui effraie le Pouvoir, c’est moins le grand nombre des opposants que la qualité de la vie qu’ils revendiquent. Lors des grèves anciennes, les patrons redoutaient moins l’ampleur numérique du mouvement que la joie profonde qui animait les insurgés. Ils avaient les moyens d’en venir à bout grâce au chantage habituel du « pas de travail, pas de salaire ! ».
Alors que le capitalisme annonce aujourd’hui sans ambages que la hausse du prix des denrées et la baisse des salaires sont inéluctables, que l’on m’explique comment le chantage traditionnel a la moindre chance d’obtenir une reprise générale du travail ! On comprend en revanche que l’État – tenu d’enrichir ses pourvoyeurs – n’ait plus, pour masquer sa faillite sociale, qu’à tabasser ce peuple dont la présence le terrorise. Mais pendant combien de temps ?
Qu’on ne nous accuse pas de vouloir abattre l’État. Il s’abat tout seul et il s’abat sur nous.
Son inutilité dévastatrice nous met en demeure de palier, par la création de zones d’autodéfense du vivant, la disparition programmée des biens dont il nous pourvoyait jadis quand il se souciait d’une communauté citoyenne. Ce n’est pas le tout de mourir, il faut bien vivre !
Rien ne résiste à l’autodéfense du vivant.
Il n’est pas une seule forme de gouvernement qui n’ait fait le malheur des peuples censés bénéficier de ses bienfaits. A peine sortis des pires dictatures, nous avons hérité de la meilleure, si l’on peut qualifier ainsi un totalitarisme économique où le politique perd pied tant se déversent et s’amoncellent en cette fin de parcours les excréments de ce qui fit la gloire du passé – aristocratie, démocratie, oligarchie, impérialisme, monarchie, autocratie et tutti quanti.
C’est de ce tout-à-l’égout où ils s’enlisent que nos ennemis prétendent mener contre nous une guerre à outrance ? Voire ! Nous sommes capables de frapper, de disparaître, de resurgir où on nous attend le moins. Nous avons appris des guérillas traditionnelles que leur échec fut moins le fait de la violence répressive que de leur propre organisation interne où se perpétuait la structure hiérarchique du monde dominant. Souvenez vous de l’effarement des élites françaises devant les gilets jaunes : « où sont donc les chefs, les responsables avec qui discuter ? » Eh non ! Il n’y en avait pas. Faisons en sorte qu’il n’y en ait jamais !
L’autogestion est une expérience qui a prouvé sa viabilité dans l’Espagne révolutionnaire de 1936, avant d’être écrasée par le parti communiste. Elle est l’organisation par le peuple de la satisfaction des besoins et des désirs de celles et de ceux qui le composent. Ses principes théoriques prennent naissance dans le vécu des collectivités où lutter ensemble enseigne un art des accords et des discordances qui n’est pas étranger aux résonances musicales de l’existence individuelle et de la nature. Partout où apparaissent des zones d’autodéfense du vivant, l’intelligence du cœur l’emporte sur l’intelligence de la tête et enseigne à tout réinventer.
Ce que mai 1968 nous a légué de plus radical, c’est le projet d’occupation d’usines où les prolétaires commençaient à envisager de les faire tourner au profit de tous et de toutes (éventuellement en les reconvertissant). Le parti communiste s’y opposa violemment, ce fut sa dernière victoire avant l’effondrement définitif.
Le travail parasitaire et la spéculation boursière ont fait disparaître les lieux de production socialement utiles mais la volonté d’occuper des lieux où nos racines sont les racines du monde n’a pas fléchi. Récupérer les rues, les places, les communes, c’est un combat qui se livre à la base. Il n’est pas tolérable que les nourritures empoisonnées par l’industrie agro-alimentaire pourrissent l’air ambiant et pénètrent dans nos cuisines où nous avons le bonheur de concocter des plats sains et savoureux.
La terre est un lieu de jouissance humaine, non une jungle où règnent la prédation et l’appropriation. Nos libertés sont nourricières. Nous assistons à la renaissance d’une vie qui n’a que des commencements et ignore qu’il existe une fin.
Il y a belle lurette que l’auto, par exemple, n’est plus un moyen de transport ; c’est une machine qui aime se balader et se sert d’un homme à cette fin.
Il faut être démuni du plus petit sens de l’observation pour croire encore que l’homme se sert de l’automobile.
Regardez bien, observez et observez-vous, vous allez être stupéfait de constater que c’est l’automobile qui se sert de l’homme pour se balader, qui se sert de vous.
(…)
Il est courant quand on se déplace (difficilement) en auto dans une grande ville de dire, irrité par les encombrements : « Ces villes n’ont pas été faites pour l’auto. »
C’est un fait, et de très belles : Rome, Paris, etc., ont été faites pour des hommes.
Pour vous, quand vous étiez encore des hommes, et maintenant que vous n’en êtes plus, vous rêvez de les éventrer, d’en détruire les monuments, la beauté, pour qu’enfin elles soient faites « pour l’auto ».
La beauté qui rendait ces villes dignes de l’homme, vous ne la voyez plus, vous voyez une beauté différente, « digne de l’auto ».
Tout le réseau routier de la France et de l’étranger, du monde, est en train de se modifier pour qu’il soit, non plus adapté à l’homme, mais adapté à l’auto.
Le rêve de l’homme qui avait été jusqu’ici la petite route ombragée de beaux arbres, serpentant à travers les prés, est devenu organisé par le rêve de l’automobile : l’autoroute, sans arbres, sans ombres, sans croisements, sans villages, avec le plus de pistes possibles montantes et descendantes, toutes droites.
Le paysage ne compte plus. Si vous vous serviez de l’automobile, il continuerait à compter ; comme c’est l’automobile qui se sert de vous, et qu’elle se fout du paysage, vous vous en foutez.
Plus rien à voir, il n’y a plus qu’à conduire ; c’est ce que l’auto voulait. Vous la dérangiez dans son plaisir à elle quand vous preniez plaisir (ça date de longtemps) à vous arrêter pour cueillir des narcisses, des violettes, du thym, des cerises, ou devant un beau point de vue, une chapelle romane, ou à flâner sous des ombrages, notamment sous les acacias fleuris du mois de mai qui ont un parfum si enivrant.
Elle s’est arrangée pour que vous ne la dérangiez plus. C’est elle qui commande, vous n’êtes plus que son employé, son larbin, et par un procédé que réprouveraient tous les syndicats des gens de maison, elle vous a obligé à aimer ce qu’elle aime.
Il n’est plus question de prendre votre plaisir, de vous arrêter quand l’intérêt vous sollicite : vous n’avez plus d’autre intérêt que de ne pas vous arrêter.
Vous sacrifiez tout à votre maître, vous avez déjà apporté en victime à ses autels les joies que vous réservaient la culture, la connaissance de l’univers ; plus de lectures, plus de curiosité ; votre bonheur unique et suffisant consiste à vous asseoir derrière votre volant, à crisper vos mains sur des leviers, à devenir par osmose une pièce mécanique de l’être supérieur (et presque suprême) qui vous domine et vous domestique.
Vous mettez à sa disposition vos biens et votre fortune, parfois même tout votre appareil passionnel.
Si demain votre situation sociale menacée vous obligeait à réduire votre train, vous vous retireriez le pain de la bouche et le retireriez de la bouche de vos enfants avant d’avoir même l’idée de restreindre votre consommation d’essence (ou plus exactement sa consommation d’essence).
Dans cinq, six ans, peut-être avant, cela ne dépend que des crédits disponibles, tout le visage du monde deviendra, non plus ce qui plaît à l’homme, mais ce qui plaît à une machine nommée automobile.
Il faut voir déjà les parcs automobiles américains autour des stades. Dix mille automobiles bien rangées ont enfermé leurs quarante mille esclaves dans une cuve de ciment armé pour les faire hygiéniquement se démener et crier pendant deux heures avant de reprendre le collier, non, le volant de misère.
Nothing is equivalent to nothing. Money is the general equivalent of all things only in the factual account of the economy. It is in reality the universal alchemist, who indeed transforms everything into gold; but into gold that turns everything into mud. To make one thing equivalent to another is not only to deprive it of its own value, but above all to denature it and to denature the relation implied in its nature. A merchant’s smile is no longer a smile, but the grin of a merchant. What is bought is not reality, but its economic version, which distorts all reality. In the economic version of reality, everything can be bought and sold, except to those who cannot afford to pay. And since only the rich can afford to pay for everything, all reality belongs to the rich, in act or in potential, minus the crumbs. The crumbs belong to the poor, but not even as crumbs; as the waste of the rich; as what remains of reality, once the rich have used it, and used it, to make all things equivalent to money; to denature all things. Reality has become the garbage of the rich, and the poor the garbage collectors.
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Rien n’est équivalent à rien.
L’argent n’est l’équivalent général de toutes choses que dans le compte de faits de l’économie.
Il est en réalité l’alchimiste universel, qui transforme effectivement tout en or ; mais en or qui fait de tout de la boue.
Rendre une chose équivalente à une autre, c’est non seulement lui retirer sa valeur propre, mais c’est surtout la dénaturer et dénaturer la relation impliquée dans sa nature.
Un sourire marchand n’est plus un sourire, mais le rictus d’un marchand.
Ce qui s’achète, ce n’est pas la réalité, mais sa version économique, qui fausse toute réalité.
Dans la version économique de la réalité, tout s’achète et tout se vend, sauf à qui n’a pas de quoi payer.
Et comme seuls les riches ont de quoi tout payer, toute la réalité appartient aux riches, en acte ou en puissance, moins les miettes.
Les miettes appartiennent aux pauvres, mais pas même comme miettes ; comme déchets des riches ; comme ce qui reste de la réalité, une fois que les riches s’y sont servis, et s’en sont servi, pour rendre toutes choses équivalentes à l’argent ; pour dénaturer toute chose.
La réalité est devenue la poubelle des riches, et les pauvres des éboueurs.
Logiquement, la dégradation, dévastation et la destruction de la nature sont faciles à percevoir, non seulement du fait de leur importance, mais d’abord par l’illusion qu’elles seraient extérieures à l’humain. Par contre, l’aliénation, la falsification, l’appauvrissement de l’humain et des relations humaines sont moins perçus, d’une part parce qu’ont disparu les points de comparaison, avec la disparition des anciennes communautés, mais surtout parce que cette dégradation touche directement l’intériorité, qui n’est pas visible. On continue ainsi à appeler humain ce qui risque de n’en avoir bientôt plus que l’apparence. La dissolution de l’humanité dans le monde de la marchandise est masquée par l’apparence humaine des comportements les plus marchands. La falsification tend à devenir le mode d’être universel que chacun doit produire et entretenir envers les autres comme envers soi. La disparition de l’humain est l’opération secrète de la guerre que le dieu argent mène partout. Cette guerre est la cause de tous les maux qui affectent la vie sur terre. L’industrialisation démente, la dénaturation de tout qui s’ensuit, ne sont que les symptômes les plus visibles de cette guerre. L’urgence vitale est la redécouverte et le rétablissement de relations humaines justes et vraies, belles et authentiques. Toute révolte collective peut en être l’occasion, quelles que soient par ailleurs ses motivations et revendications déclarées. À l’inverse, la perpétuation de relations de pouvoir, de manipulation, de nuisance, sous couvert de « critique », de révolte, fût-elle « radicale » enfonce encore un peu plus l’humain dans l’obscurité de sa misère existentielle. Contre l’éclat aveugle et destructeur du dieu argent, il n’y a d’autre issue et combat que le rayonnement du meilleur de l’humain.
Logically, the degradation, devastation and destruction of nature are easy to perceive, not only because of their importance, but first of all because of the illusion that they would be external to the human. On the other hand, the alienation, the falsification, the impoverishment of the human and of human relations are less perceived, on the one hand because the points of comparison have disappeared, with the disappearance of the old communities, but above all because this degradation touches directly the interiority, which is not visible. We thus continue to call human what risks to have soon only the appearance of it. The dissolution of humanity in the world of merchandise is masked by the human appearance of the most commercial behaviors. Falsification tends to become the universal mode of being that everyone must produce and maintain towards others as towards oneself. The disappearance of the human being is the secret operation of the war that the god money is waging everywhere. This war is the cause of all the evils that affect life on earth. The insane industrialization, the denaturation of everything that follows, are only the most visible symptoms of this war. The vital urgency is the rediscovery and re-establishment of just and true, beautiful and authentic human relationships. Any collective revolt can be the occasion for this, whatever its motivations and declared claims. On the contrary, the perpetuation of relations of power, of manipulation, of nuisance, under the cover of « criticism », of revolt, even if it is « radical », pushes the human being a little more into the darkness of his existential misery. Against the blind and destructive brilliance of the money god, there is no other way out and fight than the radiation of the best of the human being.
Against the cult of the money-god, the radical remedy to put in all pockets.
Contre le culte du dieu argent, le remède radical à mettre dans toutes les poches :
« Our position in relation to Amazon obeys an editorial strategy of camouflage and smuggling: no distributor-diffuser contacted (Hobo, Pollen, Belles Lettres, Harmonia Mundi, etc.) having so far responded to our repeated solicitations, it is for us a matter of being there, in spite of everything, present in our very singularity. »
« Greenwashing functions as an ideology, in the sense of Marx: it is not so much a deliberate lie as a structural phenomenon of inversion of reality in the common consciousness. We can also say that it is part of what Guy Debord called the « spectacle »: a staging that, while expressing the dreams of a sleeping humanity, screens the real world and the dynamics that shape it, and ends up anaesthetizing minds in the face of a deleterious mode of organization, socially and humanly. »
Excerpt from: Greenwashing. Manuel pour dépolluer le débat public, collective work directed by Aurélien Berlan, Guillaume Carbou, Laure Teulières.Moins
« Le greenwashing fonctionne comme une idéologie, au sens de Marx : ce n’est pas tant un mensonge délibéré qu’un phénomène structurel d’inversion de la réalité dans la conscience commune. On peut aussi dire qu’il relève de ce que Guy Debord nommait le « spectacle » : une mise en scène qui, tout en exprimant les rêves d’une humanité endormie, fait écran sur le monde réel et les dynamiques qui le façonnent, et finit par anesthésier les esprits face à un mode d’organisation délétère, socialement et humainement. »
Extrait de : Greenwashing. Manuel pour dépolluer le débat public, ouvrage collectif dirigé par Aurélien Berlan, Guillaume Carbou, Laure Teulières.
En cas d’effondrement, de crise totale, ce ne sont pas les alternatives matérielles à retrouver ou réinventer qui seront le problème majeur, mais la capacité des uns et des autres à entrer dans une authenticité radicale ; à pratiquer les uns envers les autres le renoncement au pouvoir sous toutes ses formes.
Vu sous cet angle, le gigantesque complexe industriel n’est rien d’autre que la sophistication extrême et le développement abouti des moyens utilisés par la domination plurimillénaire qui s’exerce sur la nature et l’humain.
La Machine, qui est certes un problème, n’est donc pas Le problème : elle n’est que la matérialisation finale du problème.
Le problème, ce sont nos faussetés individuelles et collectives, devenues systémiques, et l’épaisseur de notre aveuglement face à nos manquements envers tout ce qui pouvait faire de nous une des plus nobles espèces.
La société du spectacle aura juste été la forme historique réalisée et la caution systémique de cet aveuglement et de ces faussetés.
Karolina Grabowska
The Machine, the Spectacle and the immemorial taste for power.
In the event of a collapse, of a total crisis, it is not the material alternatives to be found or reinvented that will be the major problem, but the capacity of each and every one of us to enter into a radical authenticity; to practice the renunciation of power in all its forms towards each other. Seen from this angle, the gigantic industrial complex is nothing more than the extreme sophistication and the successful development of the means used by the multi-millennial domination of nature and man. The Machine, which is certainly a problem, is therefore not The Problem: it is only the final materialisation of the problem. The problem is our individual and collective falsities, which have become systemic, and the depth of our blindness to our shortcomings with regard to everything that could make us one of the noblest species. The society of the spectacle will have just been the historical form realised and the systemic guarantee of this blindness and these falsities.