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« La société du spectacle a produit des spectateurs – c’est-à-dire des êtres passifs tout aussi falsifiés que leurs marchandises –, qui assistent maintenant – pour le moment toujours aussi passivement pour la plupart –, aux premières scènes dramatiques de l’acte final de la tragédie – dans laquelle ils doivent pourtant fatalement découvrir qu’ils en sont eux-mêmes les figurants –, dans le même temps où ils sont contraints de réaliser qu’il ne s’agit pas d’un mauvais scénario, mais bien de la seule réalité disponible. »
Remède à tout, Observatoire situationniste, p. 32.
« The society of the spectacle has produced spectators – that is to say, passive beings just as falsified as their commodities – who are now witnessing – for the moment still just as passively for the most part -, the first dramatic scenes of the final act of the tragedy – in which they must nevertheless fatally discover that they themselves are the extras -, at the same time as they are forced to realise that this is not a bad scenario, but the only reality available. »
Remède à tout, Observatoire situationniste, p. 32.
Nous inaugurons une nouvelle « catégorie » où seront publiés de simples billets d’humeur, reçus ou rédigés par l’une ou l’un de nous.
« Se préparer au pire et combattre pour le meilleur ».
Ce choix gagne aujourd’hui toute son actualité et toute sa pertinence. La situation peut sembler à première vue désespérée, étant donné les forces ennemies, le matraquage général, la nature dévastée. Pourtant non. L’ennemi a perdu toute connaissance des conséquences de ses propres opérations. Il bunkérise à tout va, ce qui ne fait qu’augmenter le malheur universel, qui le menace universellement. Des signes encourageants montrent un peu partout que les peuples sont toujours capables de solidarité, de sursauts et d’auto-organisation. Des signes plus nombreux encore montrent que le système se fissure également un peu partout. Les fissures vont prochainement considérablement augmenter dans les capitales du désastre, et les mécontentements se radicaliser. Tout allant de plus en plus visiblement à sa perte, il y aura toujours moins à perdre à se soulever. L’ennemi est à la merci de ses erreurs.
Les peuples vont se disposer aux plus belles inspirations. L’hiver se meurt.
Remède à tout poursuit sa diffusion avec ce nouveau tirage. Le livre a également pénétré récemment au Québec.
Pour l’occasion, on a répondu à quatre nouvelles questions :
– Guy Debord affirmait que pour ébranler les fondements d’une société, il fallait présenter une théorie qui en explique les fondements et vise son centre. Il ajoutait que cette théorie ne doit pas apparaître comme fausse mais soit parfaitement inadmissible. Quel est le centre visé par votre livre ?
Quand les colères rencontrent leur intelligence à la racine, elles s’enhardissent. Innombrables sont les motifs de colère contre ce monde, innombrables les angles d’attaque, mais innombrables également les dispositifs de récupérations, émiettements, étouffements, déviations, divisions. On s’accommode, on tergiverse, on trahit, on se déchire, on retourne aux illusions. L’insatisfaction domine tant que la domination satisfait. Et quand la domination insatisfait, on s’en remet aux satisfactions dominantes. Nous visons le cœur du malaise à propos de tout ce qui existe : la spectacularisation de tout partout. Quand les gens en auront la nausée, quand la nausée n’aura plus de repos, le remède apparaitra dans toute sa simplicité : revivre et cela n’a pas de prix.
– Remède à tout veut renouer avec les concepts forgés par le groupe situationniste à commencer par le spectacle, l’aliénation et la séparation. En quoi ces concepts permettent-ils un dépassement critique des affrontements militants actuels sur le genre, la décolonisation ou la désindustrialisation ?
Si les militants s’affrontent sur le genre la décolonisation ou la désindustrialisation, c’est qu’ils n’ont pas saisi la nature de l’affront qui nous est fait. Quand ce sera fait, les réponses couleront de source, évidemment meilleures que notre pauvre contribution, pauvre comme l’époque, puisqu’une théorie ne peut être meilleure que son époque. Les concepts situationnistes – et non les postures- sont le soleil dans les yeux de celles et ceux qui sont sortis de la caverne. L’aliénation divise, la désaliénation réunifie. Quiconque a pris la joie de saisir le cœur de la théorie du spectacle ne verra plus jamais le monde autrement que comme il est : une fiction universelle, une facticité généralisée, la prolifération planétaire du non vivant.
– En s’adressant aux étudiants et aux artistes et en dénonçant leur sommeil l’IS a pu se vanter d’avoir été à l’origine des évènements de mai 1968. Comment pensez-vous vous faire entendre du plus grand nombre dans un monde qui semble plongé dans la somnolence des réseaux sociaux et autres distractions égotiques. Avez-vous une stratégie visant un groupe particulier de dormeurs comme l’avait fait avant vous l’IS avec les étudiants ou les artistes ?
Nous ne pensons pas avoir en aucune façon les moyens de nos faire entendre du plus grand nombre. Dans la ville condamnée, nous cherchons celles et ceux qui bifurquent, qui font un pas de côté, qui respirent la liberté. Ils sont reconnaissables aux vivants, mais invisibles pour les services secrets. Ceci dit, nous avons quelques idées de ruses à venir, qui auront leur impact, à commencer par la démoralisation des admirateurs des misérables « riches », ces amputés du cœur.
Vous dites dans un article paru sur d-fiction ne pas vouloir utiliser la polémique ou le scandale contre les autres courants critiques et développer un autre rapport au temps et à la jouissance que l’IS. Pouvez-vous développer ce ou ces thèmes et nous dire en quoi ils peuvent être inadmissibles ?
Les polémiques sont une perte de temps qui donnent raison au temps, c’est-à-dire aux règlements de compte, c’est-à-dire au compte, à la comptabilité, qui est la relation dominante à l’existence. Elles ont eu leur mérite et surtout leur utilité lorsqu’il s’agissait de tracer les nouvelles lignes de démarcation entre les idéologies sous perfusion et la nouvelle intelligence de l’époque. Il ne reste que des momies d’idées, et le désert, dont l’oasis. Buvons à ses eaux claires, plutôt que retourner la boue. Jouissons de l’éternité de chaque instant, plutôt que de profiter du temps, qui est toujours le temps du profit.
« Otan en emporte le vent des steppes : nous voici arrivés à ce
point de bascule où doit irréversiblement se dessiner la forme
définitive de la société du spectacle ; la concurrence est rude,
alors que le résultat est certain. Car si l’on fait croire aux
assujettis qu’ils sont encore peut-être un petit peu dans un
monde que l’on a fait disparaître, et que les gouvernants euxmêmes souffrent de plus en plus gravement de
l’inconséquence de s’y croire encore par quelques côtés, ces
aveuglements volontaires ne se prolongeront pas beaucoup.
On ne doit pas croire que puissent se maintenir durablement
comme archaïsme utile, dans les environs du pouvoir réel,
ceux qui n’auront pas assez vite compris toute la plasticité des
nouvelles règles de la domination, et son espèce de grandeur
barbare. Le destin du spectacle n’est certainement pas de finir
en despotisme éclairé. »
Le point essentiel aisément confirmé de l’analyse de 2022 (voir le texte diffusé à l’époque) est la lutte impitoyable des spectacles rivaux pour imposer la forme adéquate au spectaculaire apocalyptique dans lequel le monde est précipité. Davantage de concentration autour des valeurs sûres – burgers géants falsifiés, machisme assumé et grosses cylindrées – dans le spectacle diffus et beaucoup plus de diffusion du spectacle concentré partout – militarisation à tous les étages et dans toutes les têtes. Sur ces points, Trump et Poutine et les autres s’accordent ; leurs oligarchies et leurs mafias avec : bunkeriser le spectacle final, tel est l’objectif. Pour cela, il faut presser plus fort que jamais le citron, c’est-à-dire en premier les peuples effarés, devant qui l’on agitera à grand frais le spectre de la guerre – il ne sera magiquement plus question de réduire les dettes – et en second la planète, pour ce qui peut encore en être exploité, pour le confort des vedettes glacées en tous genres, juste avant l’implosion finale.