« Qui regarde toujours, pour savoir la suite, n’agira jamais : et tel doit bien être le spectateur. »
Guy Debord, Commentaires sur la société du spectacle.
Une importante majorité approuve la contestation.
Où sont-ils ?
15 millions devant la télé pour le chef de l’État, 10 millions regardant les autres chaînes (bien nommées).
La révolte par procuration.
Si tous ceux qui se déclarent révoltés… se révoltaient, les rues, les lieux de travail, de consommation, les symboles de la finance, les antennes des médias… seraient envahis depuis des semaines par des dizaines de millions de personnes et ça déborderait de partout.
On en reste aux images.
Casser le scénario, casser les séquences, casser le rapport passif-consumériste, casser la société du spectacle.
On en est loin.

Une réponse à “Zéros sociaux.”
L’emprise du Spectacle est à son sommet ou plus très loin. Ce n’est pas seulement la vie quotidienne qui est colonisée par la vie des images, c’est que les gens sont devenus des images, « le mouvement autonome du non-vivant », jusque dans les moments extraordinaires qu’ils peuvent encore connaître.
Une révolte collective par exemple.
Le spectateur-contestataire veut avant tout briller, laisser sur les réseaux une image qui attire, être une vedette en somme. Et l’on sait à quel point c’est le besoin qu’on a d’elle qui fait la vedette, la misère du besoin.
Le contestataire-vedette permet au spectateur-contestataire ordinaire de vivre par procuration l’excellence de sa révolte.
Les images de la révolte ne font que renforcer le monde des images, quand il s’agit de rompre avec lui, d’agir dans l’ombre du Spectacle, de se dérober aux clichés, au propre et au figuré.
Tant que le spectacle de la révolte tiendra lieu de révolte contre le Spectacle, celui-ci ne fera qu’augmenter son emprise sur les actes, les paroles, les rencontres, ruinant à la base toute reprise de contact réel avec soi-même et les autres.
A ce petit jeu de marionnettes, ce sont évidemment les metteurs en scène de la société du spectacle qui seront toujours gagnants, ayant pour finir tous les moyens de siffler la fin de la « séquence », comme ils disent.
Agir anonyment, refuser tout vedettariat, fuir et décourager les prises de vues, c’est commencer à vivre et faire grandir les émotions et la conscience où reprend forme une communauté désaliénée.
Le reste est affaire d’humanité à développer.
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