Ce qui s’est passé à Sainte-Soline, ce que cela signifie.

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«Les Français vont voir des nouvelles images extrêmement violentes» annonçait Darmanin vendredi soir, la veille, sur la vomitive chaîne CNEWS.

Le ministre de l’Intérieur savait exactement ce qui était prévu le lendemain à Saint-Soline : une partie de ball trap destinée à briser physiquement et moralement les réseaux écologistes et anticapitalistes, mais plus généralement la contestation en plein essor qui menace de s’étendre.


Sur place, les 30 000 personnes ont pu atteindre le site de la mégabassine sans encombre et dans une ambiance plutôt festive. Mais une fois devant, ce cratère en terre battue – où il n’y avait strictement rien à casser – les abords avaient été transformés en camp retranché.

Malgré l’immense détermination et le courage sans faille des anti-bassines, c’était de toute évidence une place imprenable, destinée à mutiler.


Pendant des heures, ce fut donc un champ de tir et de désolation.

Grenades lancées par des blindés, assauts de gendarmes en quad qui tirent à vue aveuglément, détonations constantes, hélicoptères et drones dans le ciel. Dystopie en temps réel.

Plusieurs kilos de C4 ont explosé dans les champs de Sainte-Soline le 25 mars. 4000 grenades ont été tirées en quelques heures. Plusieurs personnes sont mutilées, un jeune homme est toujours dans le coma avec un pronostic incertain. Des milliers de personnes sont choquées.

Il s’agit de provoquer un traumatisme social, de diffuser la peur, de justifier par avance les brutalités à venir, et de désigner explicitement ou implicitement comme « terroristes » tous ceux qui essaieraient de s’équiper contre cette machine à broyer.

L’intérêt dans ce domaine consiste bien sûr à généraliser au plus vite. L’important dans cette sorte de marchandise, c’est l’emballage, ou l’étiquette. Tout ennemi de la démocratie spectaculaire en vaut un autre, comme se valent toutes les démocraties spectaculaires. « Mais de tous les crimes sociaux, aucun ne devra être regardé comme pire que l’impertinente prétention de vouloir encore changer quelque chose dans cette société, qui pense qu’elle n’a été jusqu’ici que trop patiente et trop bonne ; mais qui ne veut plus être blâmée » (Debord, Commentaires sur la société du spectacle).

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Sainte-Soline, mars 2023., photo : Franck Dubray.


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« Les premiers à avoir déclenché des tirs sont les forces de l’ordre. »

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3 réponses à “Ce qui s’est passé à Sainte-Soline, ce que cela signifie.”

  1. Communiqué au sujet de S., camarade au pronostic vital engagé à la suite de la manifestation de Sainte-Soline

    Samedi 26 mars à Sainte Soline, notre camarade S. a été atteint à la tête par une grenade explosive lors de la manifestation contre les bassines. Malgré son état d’urgence absolue, la préfecture a sciemment empêché les secours d’intervenir dans un premier temps et d’engager son transport dans une unité de soins adaptée dans un second temps. Il est actuellement en réanimation neurochirurgicale. Son pronostic vital est toujours engagé.

    Le déferlement de violences que les manifestants ont subi a fait des centaines de blessés, avec plusieurs atteintes graves à l’intégrité physique comme l’annoncent les différents bilans disponibles. Les 30 000 manifestants étaient venus dans l’objectif de bloquer le chantier de la méga-bassine de Sainte-Soline, un projet d’accaparement de l’eau par une minorité au profit d’un modèle capitaliste qui n’a plus rien à défendre sinon la mort. La violence du bras armé de l’Etat démocratique en est la traduction la plus saillante.

    Dans la séquence ouverte par le mouvement contre la réforme des retraites, la police mutile et tente d’assassiner pour empêcher le soulèvement, pour défendre la bourgeoisie et son monde. Rien n’entamera notre détermination à mettre fin à leur règne. Mardi 28 mars et les jours suivants, renforçons les grèves et les blocages, prenons les rues, pour S. et tous les blessés et les enfermés de nos mouvements.

    Vive la révolution.

    Des camarades du S.

    PS : Si vous disposez d’informations concernant les circonstances des blessures infligées à S., contactez-nous à : s.informations@proton.me

    Nous souhaitons que ce communiqué soit diffusé le plus massivement possible.

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  2. SAINTE-SOLINE : ILS VEULENT TUER

    Le gouvernement Macron est prêt à tuer pour un trou en terre battue recouvert de plastique, creusé au milieu d’un champ. Il l’a prouvé une fois de plus ce vendredi 25 mars à Sainte-Soline.

    D’un côté, il y a la vie. Des dizaines de milliers de personnes venues de toute la France et au-delà, de toutes les générations, de différentes sensibilités, unies pour défendre un bien commun vital : l’eau. De l’autre, il y a la mort. Une agriculture industrielle gavée de pesticides. Des bassins artificiels qui privatisent une ressource qui disparaît. Des blindés. Des milliers de militaires. Des grenades explosives.

    Ce samedi, nous avons vu trois cortèges, pluriels et intergénérationnels, 30.000 personnes de tous les âges déambuler dans les champs et les sentiers, avant d’être accueillies à coups de grenades explosives. La gendarmerie avait organisé un champ de tir : 3200 hommes armés, autour d’une bassine transformée en forteresse. Des tirs ininterrompus de milliers de munitions sur une foule, éparpillée sur de vastes espaces plats, de la part gendarmes faisant feu depuis une position surélevée. Un carnage.

    Nous avons senti les blastes terrifiants des grenades GM2L. Des armes de guerre remplies de C4. Une fois, deux fois, puis des centaines de fois nous avons sursauté, en voyant les explosions provoquer des cratères dans les champs, exploser au-dessus de nos têtes ou dans les corps de nos ami-es.

    Nous avons vu un champ de blé transformé en zone de guerre, comme une bataille napoléonienne meurtrière, ou des vagues de personnes tombent sous les tirs au milieu de champs. Sauf qu’ici, un seul camp était armé.

    Nous avons vu les blindés du pouvoir envoyer à pleine puissance, en tir tendu, des grenades vers la foule.

    Nous avons vu des militaires sur des quads, rouler à pleine vitesse en tirant des lacrymogènes et des balles en caoutchouc depuis leurs engins en mouvement.

    Nous avons vu un homme avec un drapeau jaune de la confédération paysanne poursuivi le long d’une route par des gendarmes, qui se sont repliés en tirant.

    Nous avons vu quelques véhicules nuisibles partir en fumée, et quelques brèches dans un dispositif militarisé. Nous avons vu le courage incroyable et beau des manifestant-es.

    Nous avons vu un blessé grave qui n’a pas pu être pris en charge pendant plus de 30 minutes car les forces de l’ordre empêchaient le SAMU de passer.

    Nous avons vu des corps lacérés, des corps inanimés, des personnes en sang ou traumatisées. Ce soir, Le Monde parle de «200 manifestants blessés dont 10 hospitalises et un dans le coma avec pronostic vital engagé et deux personnes dont le pronostic fonctionnel est engagé». Une personne est éborgnée, d’autres sont touchées aux yeux et au visage. Le bilan est malheureusement encore provisoire.

    Nous avons vu un pouvoir en chute libre, autoritaire et isolé, qui tente de tuer celles et ceux qui défendent l’eau, leurs retraites, leur vie. Celles et ceux qui résistent.

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