Véridique rapport sur l’extermination en cours/True report on the extermination in progress.

Exterminer. Du latin « exterminare » : chasser, bannir, rejeter : de « ex », hors, extérieur, et « terminus », terme, limite.

Sens premier : faire disparaître, et, par extension, faire périr.

Sens propre : Détruire jusqu’à l’anéantissement. 

Sens figuré : user extrêmement.

Exemple : Ex–terminer l’humanité : Terminer de mettre l’humanité des êtres humains à l’extérieur des êtres humains.

Mise en œuvre. Projet inconscient de la société du spectacle (devenu actuellement conscient pour la plupart des dominants) : exiler les désirs et les pensées des humains dans des représentations préfabriquées : les y enfermer et les y restreindre.

Description du processus (actuellement en phase terminale) :

  • Sur plusieurs décennies, une colonisation massive du vécu par des images, véhiculées par les marchandises, au point que le vécu devienne essentiellement consommation d’images. Production simultanée d’une vaste panoplie d’images avec leur mode d’emploi mimétique : les images sont livrées avec normes et contraintes et accompagnées d’une publicité intensive vantant la nécessaire rivalité généralisée dans l’identification aux images.
  • Lorsque cette colonisation du vécu a vaincu, c’est-à-dire lorsqu’elle s’est suffisamment emparée de la réalité, on observe la substitution progressive, méthodique, scientifique de la réalité par les images. Les consommateurs passifs des images de la société du spectacle (période allant approximativement de 1950 à 1990) en deviennent des acteurs, au sens théâtral : chacun est invité à jouer le personnage qui lui a été attribué. Vivre consiste alors désormais à faire vivre son image.
  • Une fois la réalité ainsi transformée de fond en comble, l’humain n’a plus, en surface, de lieu pour être et, en profondeur, n’a plus lieu d’être. Ses minces chances de survie impliquent alors de s’insensibiliser à sa propre misère existentielle ; mais cette insensibilité est sa misère existentielle.
  • On observe alors que toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent de telles conditions implacables de falsification s’annonce comme une immense accumulation de zombies.
  • Les personnes ayant conservé leur sensibilité sont contraintes d’immigrer : certaines immigrent géographiquement, mais il n’y aura bientôt plus nulle part où aller.
  • Les autres immigrent spirituellement et se trouvent confrontées à cette alternative : soit tourner sans fin à l’intérieur d’elles-mêmes, soit parvenir à s’élever au-dessus d’elles-mêmes.

La suite au prochain épisode.

.

.

True report on the extermination in progress.

Exterminate. From the Latin « exterminare »: to drive out, banish, reject: from « ex », outside, exterior, and « terminus », term, limit.

Primary meaning: to make disappear, and, by extension, to make perish.

Proper meaning: to destroy to the point of annihilation.

Figurative meaning: to use up extremely.

Example: Exterminate humanity: To finish putting the humanity of human beings outside of human beings.

Implementation. Unconscious project of the society of the spectacle (become currently conscious for the majority of the dominants): to exile the desires and the thoughts of the human beings in prefabricated representations: to lock up them and to restrict them there.

Description of the process (currently in its terminal phase):

– Over several decades, a massive colonization of the lived experience by images, conveyed by the goods, to the point that the lived experience becomes essentially consumption of images. Simultaneous production of a vast panoply of images with their mimetic instructions for use: the images are delivered with norms and constraints and are accompanied by intensive publicity praising the necessary generalized rivalry in the identification with the images.

– When this colonization of the lived has won, that is to say when it has sufficiently seized reality, we observe the progressive, methodical, scientific substitution of reality by images. The passive consumers of the images of the society of the spectacle (period going approximately from 1950 to 1990) become actors, in the theatrical sense: each one is invited to play the character which was allotted to him. To live consists from now on in making live its image.

– Once reality has been transformed from top to bottom, the human being no longer has, on the surface, a place to be and, in depth, no longer has a place to be. His slim chances of survival imply then to be insensitive to his own existential misery; but this insensitivity is his existential misery.

– One observes then that all the life of the societies in which such implacable conditions of falsification reign is announced as an immense accumulation of zombies.

– Those who have retained their sensibility are forced to immigrate: some immigrate geographically, but there will soon be nowhere else to go.

– The others immigrate spiritually and are confronted with this alternative: either spinning endlessly within themselves, or rising above themselves.

More on this in the next episode.


Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.