
Les mots renvoient à des définitions et à des réalités : d’une part, les mots réduisent les réalités (la réalité est toujours plus vaste, plus riche que les mots qui la désigne) ; d’autre part, ils les interprètent (les mots ne sont pas neutres, mais renvoient sans le dire à des schémas culturels, qui orientent les compréhensions) ; enfin, il arrive que ces réalités changent, tandis que les mots restent les mêmes (par exemple : on appelle encore « démocratie » la servitude volontaire sous contrôle oligarchique, on appelle « science » une sélection-interprétation de faits sous conflits d’intérêts, etc.).
Bref, les mots ne disent pas la vérité de la réalité, mais rien qu’une de ses versions, qu’ils contribuent à imposer.
D’un point de vue social et politique, comme le remarquaient Debord et Vaneigem « le problème du langage est au centre de toutes les luttes pour l’abolition ou le maintien de l’aliénation présente (…). Nous vivons dans le langage comme dans l’air vicié (…). Les mots travaillent, pour le compte de l’organisation dominante de la vie. »
Pourtant, les mots ne travaillent que si on ne les fait pas jouer :
- il s’agit soit d’un jeu gratuit, qui consiste à l’’extrême à dire n’importe quoi n’importe comment,
- soit d’un jeu intéressé, qui vise à orienter la saisie de la réalité dans un certain sens avec une certaine visée ;
- soit d’un jeu désintéressé, qui vise à approcher et peut-être atteindre une part de vérité.
Voir aussi la courte vidéo :
Ou/et le texte (français/anglais) associé :