Il nous semble que rarement auront été réunis autant d’éclairages originaux sur l’anarchie.
On ne trouvera dans ce numéro aucune répétition de ce qui a été maintes et maintes fois répété sur l’anarchie, ses conditions de possibilité, sa véritable nature, sa nécessité universelle (quoi qu’il en soit de l’utilité de ces répétitions).
En cheminant à travers ces textes, l’anarchie (nous) apparaît comme la plus juste promesse que l’humanité puisse être amenée à se faire, la seule véritable alternative à la décomposition universelle, bref une nouveauté radicale – et c’est ce qu’elle est.
Nous pensons nécessaire de faire quelques remarques sur la revue elle-même, et pourquoi a-t-elle réussi à rassembler une telle richesse de contributeurs.
Le parcours de son créateur, Alain Santacreu, est lui-même singulier, et quoi qu’on en dise, rebelle à toute étiquette. La revue semble en effet avoir au moins à trois reprises fait peau neuve.
Il est frappant de remarquer, pour tout lecteur attentif, les changements survenus depuis le début, que ce soit dans l’optique intellectuelle, les choix éditoriaux, les contributions. Ces changements, qui furent sans doute parfois de véritables révolutions, sont en eux-mêmes le témoignage d’une pensée qui vit, respire, étouffe, reprend son souffle, guérit, se reprend et repart.
Le contraire d’un système, d’une idéologie, d’une mécanique conceptuelle.
Dans les aventures qui rejoignent l’imprévisibilité du vivant, le passé n’est rien d’autre que la matière première des créations présentes.
Alain Santacreu en témoignait récemment ainsi : « Ce site témoigne des strates de ma trajectoire intellectuelle, depuis la naissance de Contrelittérature, à l’orée de ce siècle, jusqu’à nos jours. Les textes qui semblent en contradiction avec mes prises de position actuelles peuvent donc s’expliquer par mon itinéraire personnel et les impasses idéologiques et religieuses où je me suis parfois fourvoyé. Aujourd’hui, le projet des éditions et de la revue Contrelittérature porte sur une critique radicale et transdisciplinaire de toutes les formes de la pensée de l’oppression, qu’elle soit religieuse, artistique, philosophique ou politique. »
Il n’est pas si fréquent (litote) de trouver des auteurs reconnaissant publiquement s’être fourvoyés et réalisant avoir abouti à des impasses.
Le réaliser est pourtant ce qui permet d’en sortir, et de ne pas y entraîner d’autres.
C’est peut-être ou sans doute cette humilité-lucidité qui a convaincu des auteurs déjà bien engagés dans cette « critique radicale de toutes les formes de la pensée de l’oppression » de l’accompagner et d’y prendre part.
Nous concernant du moins, cela mena quelques mois plus tard à la publication de la Généalogie du dieu argent par les éditions Contrelittérature, court pamphlet avec lequel elles commencèrent leur existence, suivi depuis par l’essai Enquête d’une gnose anarchiste, d’Alain Santacreu, dont nous avons déjà rendu compte.
Personne ne s’étonnera donc non plus que deux membres de l’Observatoire aient également contribué à ce numéro 6 de la revue.
Auteurs :
Giorgio Agamben, L’anarchie aujourd’hui : cliquer
Ferdinand Gouzon, L’abolition de l’art : Daniel Pommereulle : cliquer
Amel Nour, Au commencement est l’anarchie : cliquer
Georges Lapierre, L’anarchie des hommes véritables : cliquer
Thibaut Rioult : L’anti-puissance : cliquer
Ivan Segré, L’anarchie souveraine d’un nom divin : cliquer
Guillaume Basquin, Le noir de l’anarchie : cliquer
Mehdi Belhaj Kacem, L’anarchie en trois dimensions : cliquer
Jean-Clet Martin, Anarchie couronnée : cliquer
Tomás Ibáñez, Pour un anarchisme non dogmatique : cliquer
Éric Coulon, L’individu souverain : cliquer
Pierre le Coz, Le bruit de cataracte du temps : cliquer
Valentin Husson, Le principe d’anarchie. Espérer l’inespéré : cliquer
Alain Santacreu, Épiméthée. La voie orphique de l’anarchie : cliquer
Brice Bonfanti, Chants d’utopie. Athanase, Mont Athos : cliquer
« De sorte encore que l’anarchie court toujours, et entre partout par effraction, partout où l’ordre règne à la place du règne sans règne de la vie.
Elle est véritablement partout, à chaque instant qui s’éveille à lui-même, véritablement partout, chaque fois que, sans même le savoir, la vie nous saisit en nous dessaisissant de ce que nous en savions.
Chaque fois que la domination est oubliée, niée, outrepassée, l’anarchie refleurit.
Cela arrive chaque jour, dans les lieux et sous les motifs les plus inattendus, et c’est à chaque fois la vie qui commence, prête à tout recommencer.
L’anarchie n’est alors rien d’autre que la nostalgie tournée vers le présent de la vie qui recommence à chaque instant.
L’anarchie est l’internationale insituable. »