Le retour de la réalité.
L’ensemble du système mondial de production-consommation condamne l’humanité à des crises à venir d’une violence inouïe, et emporte l’ensemble des espèces et des milieux naturels vers une extinction massive déjà largement commencé. Nous sommes entrés dans une spirale d’interactions destructrices accélérées.
Nous le savons, mais nous continuons. Nous le savons, mais on veut croire que ce sera évitable. On veut croire que les dirigeants, conscients du danger, vont prendre les décisions qui s’imposent.
Les seules décisions qui seront prises sont celles qui leur permettront de continuer à s’imposer ; qui sont aussi celles que le système leur impose : contrôle intrusif des populations, dictature de l’explication officielle, lourde répression des soulèvements, division sociale généralisée. Le tout sur fond d’illusionnisme poussé à son comble.
Nous le savons, mais nous votons. Et quel que soit notre vote, il sera pour ceux qui vont poursuivre dans la même trajectoire, celle du système de spectacle, celle qui va plus vite que son ombre.
L’illusion généralisée s’opère sous anesthésie généralisée : elle vise à garantir un confinement individuel et collectif dans la fausse conscience.
La fausse conscience n’est rien d’autre que la mise sous tutelle de la réalité par des représentations tantôt alarmistes, tantôt rassuristes, qui dans tous les cas conforteront les populations dans leur sentiment d’impuissance. Et les dirigeants dans leur rôle d’indispensables promoteurs de cette vaste imposture, qui veut juste nous faire croire que la charogne va garder la forme : la forme de la société du spectacle.
Nous pensons à l’inverse que les interruptions forcées du programme spectaculaire ne vont cesser d’augmenter ; autrement dit que la réalité de la catastrophe dépasse les moyens de prédiction, d’anticipation et de remédiation que les dirigeants ont confié à leurs experts. Et déjà parce qu’eux-mêmes n’échappent pas à la fausse conscience dans laquelle ils ont été éduqués, formatés et managés sans aucun ménagement.
Nous pensons que la pensée de la réalité est plus forte que le mensonge de l’illusion. Conséquemment, nous pensons. Conséquemment, nous pensons que beaucoup d’autres pensent et que les populations vont être contraintes de se mettre à penser la réalité. Ce qui implique l’obsolescence volontaire de tous les biais idéologiques. L’humanité qui souffre va devoir se mettre à penser au ras de ses souffrances.
C’est ce que nous appelons le retour de la réalité. Il prend déjà de multiples formes heureuses et inventives, allant du refus de consommer ce qui nous consume, à la contagion d’une solidarité qui va nous rendre la santé. Ses armes sont également multiples, dont les affrontements inévitables n’occupent qu’une part marginale : celle de ce qui ne peut être évité : simplicité existentielle, sobriété consommatrice, reconnexion à la nature, boycotts, détournements, démocratie directe, recours à la sagesse.
La régénération de la vie sur terre dépend entièrement de la renaissance à soi-même d’une humanité réveillée : il faut raisonnablement en attendre des miracles.
The return of reality.
The entire global production-consumption system is condemning humanity to future crises of unprecedented violence, and is taking all species and natural environments towards a mass extinction that has already largely begun. We have entered a spiral of accelerated destructive interactions.
We know this, but we continue. We know it, but we want to believe that it is avoidable. We want to believe that the leaders, aware of the danger, will take the necessary decisions.
The only decisions that will be taken are those that will allow them to continue to impose themselves; which are also those that the system imposes on them: intrusive control of the population, dictatorship of the official explanation, heavy repression of uprisings, generalised social division. All of this against a backdrop of illusionism pushed to the limit.
We know this, but we vote. And whatever our vote, it will be for those who will continue in the same trajectory, that of the spectacle system, the one that goes faster than its shadow.
The generalised illusion is operated under generalised anaesthesia: it aims to guarantee individual and collective confinement in false consciousness.
False consciousness is nothing more than the protection of reality by representations that are sometimes alarmist, sometimes reassuring, and which in all cases reinforce people’s feeling of powerlessness. And the leaders in their role as indispensable promoters of this vast imposture, which only wants us to believe that the carrion will keep its shape: the shape of the society of the spectacle.
We believe, on the contrary, that the forced interruptions of the spectacular programme will continue to increase; in other words, that the reality of the catastrophe exceeds the means of prediction, anticipation and remediation that the leaders have entrusted to their experts. And already because they themselves cannot escape the false consciousness in which they have been educated, formatted and managed without any care.
We believe that the thought of reality is stronger than the lie of illusion. Consequently, we think. Consequently, we think that many others think and that people will be forced to start thinking reality. This implies the voluntary obsolescence of all ideological biases. Suffering humanity will have to start thinking in line with its suffering.
This is what we call the return of reality. It is already taking many happy and inventive forms, ranging from the refusal to consume what consumes us, to the contagion of a solidarity that will restore us to health. Its weapons are also multiple, of which the inevitable confrontations occupy only a marginal part: that of what cannot be avoided: existential simplicity, consumer sobriety, reconnection to nature, boycotts, diversions, direct democracy, recourse to wisdom.
The regeneration of life on earth depends entirely on the rebirth to itself of an awakened humanity: miracles can reasonably be expected.