Nous rendons publics ces quelques éléments de discussion interne, à toutes fins utiles (les commentaires sont ouverts pour toute contribution éventuelle sous quelque forme que ce soit).
Nous sommes face à un coup d’état décomplexé d’une oligarchie, d’une élite mafieuse et mondiale. D’où l’arrogance des décisionnaires. La décision du conseil d’état, loin d’être une surprise vu les précédents, est une provocation assumée par ceux qui ont la force et le droit pour eux, cache misère de ce triste spectacle de domination. Cependant cette clique déconnectée n’a pas pris la mesure de la vague protestataire et populaire qui s’accumule depuis les gilets jaunes. Macron apparaît comme la marionnette d’une dictature qui ne survivra pas à la décision du conseil constitutionnel. Il ne passera pas l’été ou au pire l’automne. Nous entrons dans la phase de résistance violente du peuple qui a compris, comme l’écrivait Simone Weil, que les partis politiques et le droit, sont les instruments, non de la démocratie, mais de la conquête du pouvoir et du maintien au pouvoir par l’auto légitimation de la loi, d’une caste économique. Le fascisme est là. Il n’est pas un accident de l’histoire, mais la logique même du capitalisme qui tend naturellement au monopole de l’économie et donc à l’esclavage généralisé, et au contrôle absolu du pouvoir et des esprits lorsque la technologie le permet, ce qui est le cas depuis la révolution informatique. Macron fera la fin de Louis XVI. Il vient de légitimer et de fonder la résistance violente à ce système.
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Ce que sent intuitivement le peuple, c’est que le droit ne vise pas le juste, mais à légitimer le pouvoir dont le droit est l’émanation.
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Lorsque la supercherie éclate au grand jour et dissipe l’illusion collective dans la croyance à la démocratie et que cela s’accompagne du sentiment d’humiliation face au mépris persistant d’un pouvoir verrouillant ostensiblement tous les contre pouvoirs, nous entrons de plain pied dans la phase révolutionnaire. L’extrême centre dont le pouvoir en place se réclame n’est que l’autre nom du fascisme. Il appelle naturellement son pendant, la révolution.
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La question que je me pose, c’est celle de la cohésion du peuple par rapport à son usure, les contraintes qui pèsent sur lui, ses restes d’illusions, ses divisions, son découragement face à l’immensité des forces et mécanismes qui le tiennent, et enfin a-t-il retrouvé à ce stade assez d’intelligence collective pour mener un combat créatif : sabotages, boycotts, occupations, perturbations d’un côté ; solidarités, générosités, de l’autre.
J’avais bien senti dès le début de l’année que les conditions d’un bouleversement insurrectionnel étaient réunies, tout en mesurant à quel point le peuple était pour ainsi dire à réinventer, tant il a été aliéné, atomisé et divisé depuis si longtemps.
Ce qui me semble sûr, c’est que la situation lui donne la possibilité de se reformer. Mais il y a de tels obstacles externes et internes qu’il me semble qu’il faudra encore bien des événements pour opérer les décantations nécessaires.
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Il me semble que ce sont les situations et les obstacles qui obligeront le peuple à élever son niveau d’intelligence collective et de résistance créative. C’est l’adversité qui forgera et unifiera le peuple. À ce stade, il y a des peuples, difficiles à cerner et à définir mais les bonnets rouges, les gilets jaunes, les victimes de la tyrannie sanitaire et de la crise covid, maintenant les retraites, tout cela tend à unir, à fusionner les attentes, les rancœurs et les désillusions face aux institutions qui ont montré leur degré de soumission à l’oligarchie et leur corruption. Il n’y plus de retour en arrière possible. Nous rentrons dans une phase d’accélération du mouvement après une première phase légitimiste et légaliste. La phase qui vient remettra en cause l’institution même de la cinquième république. Nous entrons dans une période cruciale où le pouvoir va se raidir, où des puissances étrangères auront aussi intérêt à soutenir le parti de la révolte ou celui de la répression dans un scénario à la syrienne. Tout est possible. Nous vivons peut-être en direct, depuis 2005 et le référendum trahi, les prémisses d’une crise de régime qui ressemble fort à la crise préludant à la guerre d’Espagne. Tout est possible.
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Nous assistons à la lente mais sûre cristallisation des colères et, à travers elles, de la lente prise de conscience par le peuple de sa réalité sociale et historique comme force politique.
« En elle-même l’émeute n’est qu’un instant intense, à la fois léger et profond. Son but inhérent est dans sa propagation. La propagation d’une émeute d’un quartier à une ville, et d’une ville à toutes celles de l’Etat, d’un jour au lendemain, et du lendemain à toute une semaine, du mépris à la considération et de l’ignorance à la conscience universelle, constitue ce qui peut être appelé une insurrection. Et de même, une insurrection qui déborde les frontières d’Etat, qui prend la totalité comme son objet et qui révèle le fondement de la dispute humaine est une révolution. Il n’y a pas d’exemple de révolutions qui n’aient pas commencé par une émeute. »
Extrait du Bulletin n°1 de la Bibliothèque des Emeutes, 1990.
Photo de vitalina .
Sur le sens originel du mot.
Le mot « émeute » vient de « émouvoir », provoquer une émotion, du latin « emovere », dérivé de « moveo », mouvoir, mettre en mouvement, avec l’influence de « meute » qui , concernant les humains, désigne une « bande », « une troupe de gens furieux se soulevant pour dénoncer violemment leur condition. » : « Grande est l’émeute ; on court, on s’assemble on dispute » (Lafontaine). Son synonyme le plus proche est « mutinerie ». Le Littré évoque « un trouble qui se forme dans la rue, commence par un rassemblement, et n’a d’abord ni chef, ni dessein concerté. »
L’émeute est donc primitivement le soulèvement collectif d’une émotion – ou le soulèvement d’une émotion collective : du haut Moyen Âge à la Renaissance, une « Esmote » désignait une émotion collective prenant la forme d’un soulèvement populaire spontané. « Tumulte séditieux, soulèvement dans le peuple », indique ainsi le Dictionnaire de l’Académie française au milieu du 18ème siècle.
Photo de LT Chan.
Bref historique en France.
Dans sa forme contemporaine, le phénomène a émergé dans la seconde moitié des années 1970, dans les quartiers pauvres de l’agglomération lyonnaise. Avec la médiatisation des événements du quartier des Minguettes à Vénissieux en juillet 1981, il apparaît aussi en région parisienne. Analysant cette époque, les sociologues Christian Bachmann et Nicole Leguennec écrivent : « Contre qui se battent les émeutiers ? Contre un ennemi sans visage. Contre ceux qui les nient quotidiennement, les condamnent à l’inexistence sociale et leur réservent un avenir en forme d’impasse. »
A partir de 1990, une série d’émeutes éclatent, à Vaulx-en-Velin, Argenteuil, Sartrouville et Mantes-la-Jolie. En comparaison avec l’été 1981, les rapports entre jeunesse des quartiers et police urbaine ont monté d’un cran dans la violence et l’émeute s’est accompagnée de pillages et de dégradations importantes.
En 2005, l’émeute perd définitivement son caractère localisé pour s’étendre à l’ensemble du territoire national. Pour la première fois, une émeute se déroulant dans un quartier d’une ville a des répercussions à des centaines de kilomètres, à travers un processus de reconnaissance collective. Cette même année, durant trois semaines, des incidents surviennent dans près de 300 communes, occasionnant plus de 10 000 incendies de véhicules particuliers et plusieurs centaines d’incendies ou de dégradations à l’encontre de bâtiments publics. La panique est telle, au sommet de l’État, que le Premier ministre décide de recourir au couvre-feu. Le 8 novembre, est décrété l’état d’urgence, en application d’une loi du 3 avril 1955, votée au temps de la Guerre d’Algérie.
Les émeutiers interviewés dans la région parisienne donnent deux séries de raisons à leur colère. Les premières sont relatives aux événements de Clichy-sous-Bois et surtout à l’attitude des pouvoirs publics vis-à-vis de ces événements. C’est ce qui est considéré comme un déni et un mensonge de la part des autorités qui fonde l’indignation et donc le sentiment de légitimité morale de la colère émeutière. Les secondes raisons évoquent non pas le contexte de l’émeute mais certaines dimensions de l’expérience de vie quotidienne des jeunes, expérience qui nourrit en profondeur « la rage » et « la haine » explosant au moment de l’émeute. Cette expérience révèle un vécu d’humiliations multiples accumulées. Certains racontent des expériences de discriminations à l’embauche. La plupart font remonter leur sentiment d’injustice et d’humiliation à l’école (plusieurs seront dégradées). Tous disent enfin que la source quotidienne de leur sentiment d’injustice et d’humiliation est leur relation avec la police.
Photo de Kelly.
Réflexions.
Victor Hugo, qui a connu celles de 1830, 1832, 1848 et 1870, qui ont mis à bas la monarchie, écrit dans « Les misérables » : « De quoi se compose l’émeute ? De rien et de tout. D’une électricité dégagée peu à peu, d’une flamme subitement jaillie, d’une force qui erre, d’un souffle qui passe. Ce souffle rencontre des têtes qui parlent, des cerveaux qui rêvent, des âmes qui souffrent, des passions qui brûlent, des misères qui hurlent, et les emporte. »
Depuis 1989, l’association éditrice Belles Emotions, a publié plusieurs bulletins d’inspiration situationniste intitulés Bibliothèque des Emeutes regroupant des rapports concernant 500 émeutes ayant éclaté entre 1978 et 1995 dans de nombreux pays (USA, Afrique du Sud, Irak, Iran, Somalie, Europe…) assortis d’une réflexion théorique.
On y lit cette définition de l’émeute : « L’émeute est le seul moment pratique et public où l’aliénation, c’est-à-dire l’organisation d’une société qui empêche tout débat sur la finalité de l’humanité, est critiquée. Dès qu’une émeute est organisée, elle cesse d’être une émeute. C’est la force et la faiblesse de cette seule tribune des humains voulant maîtriser l’humanité : l’émeute est actuellement le seul mouvement de pensée plus rapide que l’aliénation.»
Même si l’émeute ne dure pas, elle réaffirme le désir indestructible de liberté, d’une humanité non asservie, non aliénée : c’est pourquoi elle est souvent joyeuse, occupe la rue, tient la ville, et s’en prend aux symboles de la domination : « Toutes trop vite noyées ou étouffées, les émeutes modernes n’en sont pas moins le vivant refus de la soumission et de la résignation, le pied-de-biche qui ouvre des perspectives… »
Quelles perspectives ? Bien souvent, estime la Bibliothèque des Emeutes, les émeutiers eux-mêmes l’ignorent. « Il n’est pas rare aujourd’hui de voir des émeutiers croire davantage ce qu’en dit un journal télévisé que ce que leur rappelle leur propre mémoire. »
C’est sans doute en brisant cet effet de spectacle que les émeutiers peuvent trouver ces perspectives à la racine même de leurs émotions : l’émeute a des raisons que la déraison spectaculaire ne connait pas.
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PS. Ce texte est ouvert aux possibles commentaires, en vue d’améliorations, contributions, critiques éventuelles.
With the conjugation of so many years of isolation (of which the confinement was only a protrusion) and of so many shameless unpunished lies of a domination that did not want « to be blamed anymore » (Debord), although it had become obvious that it had lost « the knowable center », as attested by its ridiculous missteps, its laughable speeches and its out-of-ground calculations, after all this, all this infamous heaviness that lead the desires and even more the consciences, here is that from the atomized crowd resurfaces the true common good; here is that a people is reformed.
The Situationist Observatory recently analyzed and described this rebirth in the last part of its « Genealogy of the God of Money »: « Such is the corrosive force of illusion: the rich believe they are protecting themselves from ugliness, while their ugliness is becoming more and more apparent to everyone; consequently, the poor of the whole world believe the rich less and less; the less they believe them, the more the secret alchemy operates; the more the peoples are reformed as the only universal force capable of bringing back the true to the world. »
The immediate richness produced by this reformation is that it instantly brings back the contestation of domination to the heart of society, and simultaneously proposes its practical refutation. On the one hand, power reigns but no longer divides; on the other hand, relations suddenly improve in their most elegant horizontality. Solidarity resurfaces, with the poetry of celebration, driven by collective intelligence, which is learning that it exists, since it has dropped the Smartphones.
Where the power sees only intolerable disorder, dialogues, critical reflection, generosity are being woven: in short, under the chaos, anarchy.
Of course, considering the coalition forces that are in front of us, that have known for so long how to stifle desires, to cement impotence, – and the political, media, economic and police arsenal they have at their disposal -, we are still far from a revolution; from a generalized return to self of the human being.
But France is living the first act of the reformation of the people and already, from Greece to Spain, a contagion is emerging.
It seems realistic to us to think that the catastrophic state of reality and of its governmental management will bring in due time the following acts.
As Debord diagnosed at the bedside of lost humanity, now men will be “forced to love freedom”.
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La révolution est désormais dans toutes les têtes.
Avec la conjugaison de tant d’années d’isolements (dont le confinement ne fut qu’une saillie) et de tant de mensonges éhontés impunis d’une domination qui ne voulait « plus être blâmée » (Debord), bien qu’il était devenu manifeste qu’elle avait perdu « le centre connaissable », comme en attestent ses faux pas ridicules, ses discours risibles et ses calculs hors-sol, après donc tout cela, toute cette pesanteur infâme qui plombait les désirs et plus encore les consciences, voici que de la foule atomisée resurgit le véritable bien commun ; voici qu’un peuple se reforme.
L’Observatoire situationniste a récemment analysé et décrit cette renaissance dans la dernière partie de la « Généalogie du dieu argent » : « Telle est la force corrosive de l’illusion : les riches croient se protéger de la laideur, alors que leur laideur transparaît toujours plus aux yeux de tous ; conséquemment, les pauvres du monde entier croient de moins en moins les riches ; moins ils les croient, plus l’alchimie secrète opère ; plus se reforment les peuples comme seule force universelle capable de ramener le vrai dans le monde. »
La richesse immédiate produite par cette reformation est qu’elle ramène instantanément la contestation de la domination au cœur de la société, et en propose simultanément la réfutation pratique. D’une part le pouvoir règne mais ne divise plus, d’autre part les relations s’améliorent brusquement dans leur plus élégante horizontalité. La solidarité resurgit, avec la poésie de la fête, impulsée par l’intelligence collective, qui est en train d’apprendre qu’elle existe, puisqu’elle a lâché les Smartphones.
Là où le pouvoir ne voit que désordre intolérable, se retissent les dialogues, la réflexion critique, la générosité : bref, sous le chaos, l’anarchie.
Bien sûr, en considérant les forces coalisées qui sont en face, qui ont su si longtemps étouffer les désirs, cimenter les impuissances, – et l’arsenal politique, médiatique, économique et policier dont elles disposent -, on est encore loin d’une révolution ; d’un retour à soi généralisé de l’humain.
Mais la France est en train de vivre le premier acte de la reformation du peuple et déjà, de la Grèce à l’Espagne, une contagion se profile.
Il nous semble donc réaliste de penser que l’état catastrophique de la réalité et de sa gestion gouvernementale amèneront en temps utiles les actes suivants.
Comme l’avait diagnostiqué Debord au chevet de l’humanité égarée, maintenant, les hommes vont être « contraints d’aimer la liberté ».
La Libératrice vêtue de rouge et tous les esclaves libérés de leurs chaines partent à l’assaut du Veau d’Or gardé par des canons. – Théophile Alexandre Steinlen, 1903.
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La revolución está ahora en la mente de todos.
Con la combinación de tantos años de aislamiento (del que el encierro no era más que un rasgo sobresaliente) y tantas mentiras descaradamente impunes de una dominación que « ya no quería ser culpada » (Debord), a pesar de que se había hecho evidente que había perdido « el centro conocible », Después de todo eso, después de toda esa infame pesadez que pesaba sobre los deseos y aún más sobre las conciencias, he aquí el verdadero bien común resurgiendo de la multitud atomizada; He aquí un pueblo reformado.
El Observatorio Situacionista analizaba y describía recientemente este renacimiento en la última parte de la « Genealogía del Dios Dinero »: « Tal es la fuerza corrosiva de la ilusión: los ricos creen protegerse de la fealdad, mientras que su fealdad se hace cada vez más evidente para todo el mundo; en consecuencia, los pobres del mundo entero creen cada vez menos a los ricos; cuanto menos les creen, más opera la alquimia secreta; cuanto más se reforman los pueblos como única fuerza universal capaz de devolver lo real al mundo. »
La riqueza inmediata que produce esta reforma es que lleva instantáneamente la contestación de la dominación al corazón de la sociedad, y simultáneamente propone su refutación práctica. Por un lado, el poder reina pero ya no divide; por otro, las relaciones mejoran de repente en su más elegante horizontalidad. La solidaridad resurge, con la poesía de la celebración, impulsada por la inteligencia colectiva, que está aprendiendo que existe, ya que ha abandonado los smartphones.
Allí donde los poderes sólo ven un desorden intolerable, se está tejiendo de nuevo el diálogo, la reflexión crítica y la generosidad: en resumen, bajo el caos, la anarquía.
Por supuesto, teniendo en cuenta las fuerzas de coalición que tenemos enfrente, que han sabido durante tanto tiempo cómo sofocar los deseos, cimentar la impotencia, – y el arsenal político, mediático, económico y policial del que disponen -, aún estamos lejos de una revolución; de un retorno generalizado del ser humano a sí mismo.
Pero Francia está viviendo el primer acto de la reforma de los pueblos y ya, desde Grecia a España, está surgiendo un contagio.
Por tanto, nos parece realista pensar que el estado catastrófico de la realidad y de su gestión gubernamental desembocará a su debido tiempo en los actos siguientes.
Como diagnosticó Debord a la cabecera de la humanidad perdida, los hombres se verán ahora « obligados a amar la libertad ».
Les témoignages de personnes interpellées laissent peu de doute sur la volonté de faire du chiffre, afin de justifier les violences policières.
Les vidéos montrant la bestialité des hordes de l’ordre sont également sans ambiguïté : il s’agit bien de terroriser et décourager les opposants.
C’est dire si le pouvoir a peur du potentiel insurrectionnel de la contestation en cours.
Voici que le peuple se reforme.
Le pouvoir règne mais ne divise plus.
La situation en train de se construire est grosse de tous les possibles.
L’intelligence stratégique sera l’arme décisive.
Regardez bien cette vidéo et la violence totalement disproportionnée avec laquelle est éjectée cette manifestante. On entend d'ailleurs le supérieur ( commissaire?) lui dire très clairement de se calmer et de la relever. 🤮🤮🤮🤮 pic.twitter.com/C7xDJLOFHo
La réforme des retraites va passer. Bien que des économistes aient prouvé les mensonges du gouvernement : non il n’y aura pas une pension minimum de 1200 euros, oui la réforme va davantage impacter les femmes.
Bien que le Conseil d’orientation des retraites (COR) ait prouvé que le système de financement des retraites n’était pas en déficit, les caisses de retraites étant excédentaires de près de 900 millions d’euros, d’après le rapport annuel du publié en septembre 2022.
Bien que les chiffres sur l’espérance de vie prouve qu’un ouvrier vit 13 ans de moins qu’un cadre.
Bien que nous soyons des millions à faire grève et manifester.
Et nous aurons beau prouver, répéter, battre le pavé, la réforme des retraites passera. C’est l’autorité d’un homme qui en jeu.
Un homme malade du pouvoir. Insensible, autoritariste, méprisant.
À travers ses multiples apparitions et interventions, Macron nous fait passer des messages sans aucune ambiguïté ni subtilité.
Première manifestation : lui et ses ministres partent en voyage officiel en Espagne. Le message est clair pour l’avenir : ils n’écouteront pas les arguments du peuple, ni la colère, ni le désespoir.
Manifestation du 16 février : Macron remet à Jeff Bezos la légion d’honneur.
Il dit merci à Amazon de dissimuler 57 % de son chiffre d’affaires réalisé en France pour pratiquer une évasion fiscale massive en déplaçant une grande partie de ses bénéfices vers l’étranger.
Il dit merci à Amazon Web Services qui a émis 55,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre en 2018, soit l’équivalent des émissions du Portugal et d’avoir détruit 3 millions de produits neufs en France en 2018.
Il dit merci à Amazon de développer sa présence en France en faisant travailler majoritairement des personnes ayant des contrats précaires, notamment en intérim, qui s’épuisent dans des entrepôts gigantesques.
Il dit merci à Amazon, de détruire 2 emplois à chaque fois qu’il en crée 1.
Il dit merci à Amazon de profiter d’une fraude massive à la taxe sur la valeur ajoutée et donc de renforcer la concurrence déloyale vis-à-vis des petits commerces qui acquittent la TVA et doivent donc la répercuter sur leurs prix de vente.
Il dit merci à toi, Jeff, de contribuer à la destruction des conquis sociaux, au réchauffement climatique, et à la fraude fiscale des 1% les plus riches.
Et à nous, il nous dit : manifestez, je m’en fous ! Je vous emmerde, je préfère décorer un homme de pouvoir serviteur du Capital, pourvoyeur de précarité.
Pendant que la France entière se prépare à la manifestation du 7 mars, Macron prend le large pour aller faire un remake de Tintin – le colon blanc – au Congo qui boit une bonne bière.
La communication est rodée et le message est clair : il s’en CONTREFOUT de nos mobilisations.
Et puis après ce 7 mars où la mobilisation fut massive et déterminée, nous découvrons les propos bellicistes d’un Président et d’un de ses conseillers qui nous mettent au défi. « Le seul scénario où il lâchera, c’est si Paris est en feu, s’il y a un problème aigu de maintien de l’ordre. Cela ne peut être qu’un scénario extérieur, un mort dans une manifestation, ou un attentat » .
Il n’y a pas de hasard dans la communication présidentielle : ils savent que nous ne mettrons pas le feu à Paris, ils savent que nous ne sommes pas prêts à risquer nos vies.
Macron nous l’a assez répété « nous sommes en guerre ». Il est en guerre.
Contre les conquis sociaux, contre les personnes précaires (ceux qui ne sont rien), contre les musulmans, contre les associations.
Oui, lui et ses sbires provoquent. Ils aiment la violence de la rue car ils peuvent l’instrumentaliser à posteriori.
Cela leur permet de dégainer l’état d’urgence permanent, de pondre des lois telles que la loi « PPL Sécurité Globale » donnant les pleins pouvoirs à une institution policière au service des puissants, au service du Capital, une institution violente et gangrénée par le racisme et la misogynie.
Céder à leur provocation c’est perdre.
Continuer de defiler pacifiquement c’est aussi perdre.
Une des solutions pour faire plier le chef de l’État et le gouvernement serait la grève générale et totale.
Un arrêt complet du pays qui toucherait durement l’économie. Et ça c’est Macron lui-même qui le dit ! Mais il ne prend pas beaucoup de risque en annonçant cela car dans ce contexte inflationniste où des millions de personnes ne peuvent plus manger à leur faim, où le gouvernement veille à la précarisation des plus démunis en refusant les repas à un euro pour les étudiants et en réformant l’assurance chômage, le Président sait qu’il est impossible pour une grande partie de la population de perdre ne serait-ce qu’un seul jour de salaire.
Le système est bien fait : telle une strangulation douce qui laisse passer un mince filet d’air dans nos poumons.
Assez pour survivre mais pas pour vivre.
Si nous voulons que cesse cet acharnement des puissants à nous asservir et nous appauvrir, l’unique question à se poser est : quelle est la plus grande crainte du pouvoir ?
Je repense alors à une citation de Machiavel : « Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes. »
La plus grande terreur du pouvoir, à mon sens, serait donc la disparition de nos propres peurs.
Le pouvoir de quelques-uns ne tient que par leurs capacités à engendrer des peurs : peur de ne pas manger à sa faim, peur de sa police, peur de perdre son emploi, peur d’être stigmatisé, exclu, enfermé.
Alors pour se donner le courage de ne plus avoir peur, nous pouvons continuer à nous réunir en manifestant, en débattant, en organisant la lutte et les blocages, car il est rassurant de savoir que nous sommes des millions.
Nous pouvons écrire et témoigner pour exorciser les dites-peurs.
Et nous pouvons relire ces quelques phrases de Günther Anders pour rester éveillés : « Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur (qu’il faudra entretenir) sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions matérielles nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est: un produit, un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité, son esprit critique est bon socialement, ce qui risquerait de l’éveiller doit être combattu, ridiculisé, étouffé… Toute doctrine remettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. »