Ce qu’il y a encore à aimer.
– Le visage de quelqu’un qui vous écoute vraiment.
– Une main qui ose se tendre.
– Le silence partagé sans gêne.
– Un arbre vieux de plusieurs siècles, debout malgré tout.
– Les animaux qui ne jugent pas, ne trahissent pas.
– L’enfance.
– La lumière dorée d’un soir, qui n’attend rien.
– Les livres qui parlent comme s’ils vous connaissaient.
– Le rire rare mais sincère, venu de n’importe où.
– La pluie sur le toit quand on est à l’abri.
– Le vent ou l’herbe ou la fleur.
– Le regard d’un inconnu qui comprend quelque chose.
– Les visages dans les tableaux, qui survivent au temps.
– Les mots qui atteignent juste.
– Les choses simples qu’on croyait perdues.
– L’amour qu’on donne et celui qu’on nous donne.
– Nos proches.
Ce qu’il y a encore à apprécier.
– La lenteur.
– Le goût du pain chaud.
– Une musique oubliée qu’on reconnaît au premier accord.
– Un matin sans obligation.
– La marche libre.
– L’air sur le visage après des heures enfermé.
– La justesse d’un geste.
– Une conversation sans masque.
– La fatigue après l’effort, quand elle est bonne.
– Le café chaud, les mains autour.
– La possibilité de se taire en souriant.
– L’odeur de l’humus.
– La présence d’un animal calme.
– Les couleurs après la pluie.
Et mille autres petites ou grandes choses.
Ce qu’il y a encore à espérer
– Une paix qui serait force et sagesse.
– Une rencontre improbable, jamais impossible.
– Une œuvre à faire, lente, libre.
– Une tendresse qui ne s’use pas.
– Une lueur dans les yeux.
– Un lieu protégé.
– La guérison lente, mais réelle.
– Le retour d’un souffle.
– Le surgissement de la beauté, là où on l’avait exclue.
– Une lucidité qui ne désespère pas.
– Une parole qui donne du courage sans illusion.
– Des retrouvailles.
– Des recommencements.
– Le soleil après la pluie, la joie nouvelle qui efface la tristesse ancienne.
Ce qu’il y a encore à éprouver.
– L’émerveillement devant la nature.
– La gratitude.
– L’élan d’un instant qui emporte le poids des jours.
– Le soulagement d’être compris, ne serait-ce qu’une fois.
– La joie d’apprendre.
– L’émotion face à quelque chose de pur, d’irréductible.
– L’intimité bien à soi.
– Le goût du monde quand on revient de loin.
– La surprise d’aimer quelqu’un qu’on n’attendait pas.
– La sensation de recommencer, même tard, à neuf.
Et surtout : l’irréductible vie.
La vie n’est pas ce que le monde marchand appelle « la vie ». Ce n’est pas la réussite, ni l’adaptation. Elle résiste dans un poème, une pensée sans oeillères, une colère juste. Elle s’accroche dans la pousse fragile d’une plante, dans un regard d’animal, dans l’audace des projets recommencés.
Elle est irréductible. Elle est tenace, indocile.
Elle est lueur, flamme, qu’un seul souffle peut toujours rallumer.
