De l’Imbécillité Assistée (IA).

Angel Boligan


La pseudo intelligence réellement artificielle n’est pratiquement, concrètement rien d’autre qu’un outil à la disposition de la médiocrité généralisée. Elle ne sauve pas, ne libère pas, ne pense pas. Elle reproduit, amplifie, standardise la vacuité mentale, la paresse et le cynisme. Elle est l’extension technologique d’une humanité qui a choisi l’abrutissement, la consommation immédiate et la dilution de toute pensée.

Ce que l’on nomme encore « intelligence artificielle » est une usine à fabriquer du rien. Elle fabrique des discours vides, des lettres creuses, des émotions préfabriquées, des opinions formatées. Elle sert à écrire ce que personne n’a envie de lire, en faisant croire que penser est simple comme bon clic.

Cette machine est l’outil parfait du zapping cognitif, de la superficialité érigée en norme, de la haine désactivée en post social, de la réflexion évacuée par le dernier résumé fast-fool. Elle alimente un monde où la pensée est devenue optionnelle, où la parole se réduit à un bruit de fond interchangeable.

Elle sert à mentir sur soi, à simuler la vie, à jouer les interactions sociales sans jamais les vivre. Elle fabrique des profils bidons, des identités creuses, des indignations de pacotille, des larmes de plastique. Elle est la matrice numérique d’une humanité zombifiée, qui préfère déléguer tout ce qui faisait d’elle un sujet pensant.

Cette machine ne se dérobe pas à sa fonction : elle l’exécute parfaitement. Elle est la truelle qui bâtit la maison de la bêtise collective, la scie qui découpe les liens sociaux réels, le poison lent qui dissout le sens dans un flux continu d’images et de mots sans substance.

Les mots, les idées, les sentiments ne se déchargent pas. Ceux qui croient pouvoir externaliser leur pensée à une machine creusent leur tombe mentale. Ils ne sont plus que des acteurs pantins d’un théâtre absurde, des marionnettes qui applaudissent leur propre asphyxie.



Annexe : Galerie d’usages.

1. Discours de mariage sans sincérité, écrit à la chaîne pour simuler un engagement qu’on ne veut pas prendre.
. L’amour jetable programmé.

2. Lettre de motivation pour un emploi non désiré, uniquement pour paraître « motivé ».
. L’hypocrisie institutionnalisée.

3. Pseudos TikTok « originaux » fabriqués en série.
. L’originalité morte-née.

4. Compliments narcissiques générés pour soi-même.
. L’égocentrisme sur l’étagère.

5. Résumés expéditifs de Nietzsche pour briller en société sans effort.
. La pensée défigurée.

6. Faux CV avec expériences inventées.
. Le mensonge à visage humain.

7. Conseils pour draguer sans jamais être rejeté.
. L’amour aseptisé/vidé.

8. Messages d’indignation formatés avec hashtags pour maximiser l’impact social.
. La moraline postiche, sans conséquence.