I.
Ils ont mis le monde dans un cadre assourdissant,
Sans silence, sans nuit.
Je ne vis pas, je montre que je vis.
II.
Je vois sans voir, je touche sans rien prendre,
Je vis à l’écran de mes jours morcelés,
Mon visage est pixel, mon souffle est à vendre,
Et mon nom, un profil cerné de reflets.
III.
Ce que je montre n’est pas ce que je suis,
Mais l’ombre devenue paillettes.
Je m’arrange, je filtre —
Et disparais – variable.
IV.
Une main dans ma poche fouille sans cesse
Un mécanisme plus fort que la pensée.
J’attends qu’il parle, qu’il me confesse,
Mais c’est moi qui m’y suis effacé.
V.
La foule regarde, la foule poste,
La foule danse dans un miroir cassé.
Et moi, j’écoute un reste d’étoffe,
Une plainte que rien ne peut poster.
VI.
Parfois, la lumière tombe autrement,
Sur un arbre, un mur, une vieille main.
Je m’arrête. Je suis vivant.
Le réseau n’en saura rien.
VII.
J’écris dans un carnet sans cloud ni partage,
Des mots qu’aucun algorithme ne trie.
Je suis un homme. Je suis naufrage. Je suis une île.
Juste choisir encore où je m’écris.
VIII.
Qu’ils gardent leurs mondes de signes inversés
Leurs likes, leurs flux, le bruit doré.
Je marcherai vers où
Parler veut encore dire vibrer.
