Tous les chômeurs disposent en tout cas d’une chose inestimable : du temps. Voilà qui pourrait constituer une chance historique, la possibilité de mener une vie pleine de sens, de joie et de raison.
On peut définir notre but comme une reconquête du temps. Nous sommes donc tout sauf inactifs, alors que la soi-disant « population active » ne peut qu’obéir aux ordres de ses « supérieurs ».
Et c’est bien parce que nous sommes actifs que nous n’avons pas le temps de travailler.
Manifeste poétique et ovni politique se situant dans la tradition du Droit à la paresse (Paul Lafargue) et du mouvement situationniste, le « rapport d’inactivité n°1 » rédigé par un trio de chômeurs berlinois et débattu pour la première fois en public en août 1996, fut qualifié de « Manifeste des chômeurs heureux » (Glückliche Arbeitlose). Il eut un retentissement considérable au cours des années 1997-2002.
Il y a trois siècles, les croquants levaient les yeux avec envie vers le château du seigneur ; c’est non sans raisons qu’ils se sentaient exclus de ses richesses, ses nobles loisirs, ses artistes de cour et courtisanes.
Mais qui d’encore sain aujourd’hui voudrait vivre comme un cadre stressé, qui aurait envie de se bourrer le crâne de ses rangées de chiffres sans esprit, de boire son Bordeaux falsifié, d’assumer ses mille faussetés ?
Le pdf que nous reproduisons ici est le texte de la Lecture publique à trois voix, en chaise-longue et agrémentée de diapositives, donnée pour la première fois le 14 Août 1996 au « Marché aux Esclaves » du Prater (Berlin-Est).
« La masse comatique, que l’on maintient en état de réanimation intensive, pour qu’elle rêve juste de revenir à la normalité qu’elle subissait, et qui s’est écroulée. » Observatoire situationniste, numéro 1.
« SI les produits nécessaires à la survie biologique sont massivement devenus des ersatz, c’est que la vie elle-même est devenue son propre ersatz : il y a là une indéniable harmonie spéciale. » Observatoire situationniste, numéro 2.
« Et puis il y a les zombies. Masques et postures au rabais, phrases prépayées. Le zombie n’est pas sorti d’une tombe ; c’est une tombe de sortie. » Observatoire situationniste, numéro 3 (à paraître début novembre).
Let the dead bury the dead.
« The comatic mass, which is kept in a state of intensive resuscitation, so that it just dreams of returning to the normality it suffered, and which has collapsed. » Situationist Observatory, number 1.
« If the products necessary for biological survival have massively become ersatz, it is because life itself has become its own ersatz: there is an undeniable special harmony there. » Situationist Observatory, number 2.
« And then there are the zombies. Cheap masks and postures, prepaid phrases. The zombie didn’t come out of a grave; it’s an exit grave. » Situationist Observatory, number 3 (to be published at the beginning of November).
Après deux années de Covid subsumé par l’injonction de son double traitement vaccinal et liberticide, l’efficacité de l’un étant conditionnée par l’acceptation de l’autre, et aucun autre choix sur nos vies n’étant envisageable sous peine de complotisme, nous voici parfaitement conditionnés à faire un choix tout aussi impératif entre la peste lepéniste et le choléra macronien, les autres maladies potentiellement véhiculées par les urnes ayant été stoppées, comme la mélanchonite aigue ou le zemmourisme aggravé.
On se perd vite en tristes conjectures pour déterminer si l’éborgnage de manifestants est pire que l’expulsion musclée des immigrés, etc. Sans doute est-il évident que l’un est préférable à l’autre, s’il s’agit pour le peuple de continuer à se soumettre au monde de la falsification et à la falsification du monde, et rien d’autre ne lui est demandé, ou proposé, le mélanchonisme n’étant que la dernière vitrine du spectacle de l’émancipation par la représentation politicienne.
Il est aussi vain de croire pouvoir déterminer si finalement le pire ne serait pas meilleur pour activer l’émancipation, selon le principe que l’on a jamais été aussi libres que sous l’occupation, jamais aussi solidaires qu’en tant que résistants, etc., tandis que la tyrannie douce défait chaque jour un peu plus ce qui ressemble de moins en moins à un peuple.
Tout ceci est très vain, puisque seule la décision farouche d’apprendre à se passer de tous les dominants permettrait de dépasser ces horizons circulaires, et qu’elle fait défaut.
C’est donc non par défaut d’un meilleur candidat que la farce pathétique va se conclure, mais par défaut de nous-mêmes. Et quelles que soient les suites, toutes très pénibles évidemment, c’est ce défaut radical qui enchaîne le peuple à la poursuite de son malheur, comme c’est son dépassement qui, dans tous les pitoyables scénarios que nous réserve la société du spectacle, permettrait seul d’envisager de faire tomber les masques et d’enfin tirer le rideau.
The people is a strange philosophical object: many thinkers distrust it: because it follows its passions rather than its reason, because it is easily manipulated, even servile. Others idealize it, because it has a mission, because it represents the universal common interest…
It certainly represents a danger for those who dominate it: because it is numerous, relatively unpredictable.
In relation to these two aspects, those who dominate have never ceased throughout history to improve their weapons: on the one hand to divide this great number, on the other hand (which can be the same) to format it to the maximum. This has been quite successful so far.
When this is no longer sufficient, there is always the strong way; noting that those who hold the weapons are themselves part of the people, which is not without risks for those who dominate.
And when the people succeed in overthrowing them, which sometimes happens, what happens? New dominants appear, acting in the name of the people; this is logical and all the more effective because, at the same time, to attack these new dominants is to attack the people. Here again, we notice that these dominants come from the people.
It happens however, but it is rare and on a small scale, that fractions of the people manage to set up forms of self-governance without dominators: but as they are only fractions, the rest of the people, with its leaders, does not have too much difficulty in crushing them.
We have never gone beyond these sad processes.
The people, still sometimes idealized, often still despised, more than ever divided and conditioned, thus remains the great question mark of universal history: will they succeed one day in getting rid of their submission to those who dominate them, without producing new dominators, and in a sufficiently massive way to discourage any return?
Le peuple est un étrange objet philosophique : beaucoup de penseurs s’en méfient : parce qu’il suit ses passions plutôt que sa raison, parce qu’il est facilement manipulable, voire servile. D’autres l’idéalisent, parce qu‘il a une mission, parce qu’il représente l’intérêt commun universel…
Il représente assurément un danger pour ceux qui le dominent : parce qu’il est nombreux, relativement imprévisible.
Par rapport à ces deux aspects, ceux qui dominent n’ont cessé à travers l’histoire d’améliorer leurs armes : d’un côté diviser ce grand nombre, d’un autre côté (qui peut être le même) le formater au maximum. Cela a jusqu’ici plutôt bien réussi.
Quand ce n’est plus suffisant, il reste toujours la manière forte ; en remarquant que ceux qui tiennent les armes font eux-mêmes partie du peuple, ce qui n’est pas sans risques pour ceux qui dominent.
Et lorsque le peuple réussit à les renverser, ce qui arrive parfois, que se passe-t-il ? De nouveaux dominants apparaissent, agissant au nom du peuple ; c’est logique et d’autant plus efficace que du coup, s’en prendre à ces nouveaux dominants, c’est s’en prendre au peuple. Là encore on remarque que ces dominants sont issus du peuple.
Il arrive cependant, mais c’est rare et à petite échelle, que des fractions du peuple parviennent à mettre en place des formes d’autogouvernance sans dominateurs : mais comme ce ne sont que des fractions, le reste du peuple, avec ses dirigeants, n’a pas trop de mal à les écraser.
Nous n’avons jamais dépassé ces tristes processus.
Le peuple, encore parfois idéalisé, souvent encore méprisé, plus que jamais divisé et conditionné, reste donc le grand point d’interrogation de l’histoire universelle : parviendra-t-il un jour à se défaire de sa soumission à ceux qui le domine, sans produire de nouveaux dominateurs, et de façon suffisamment massive pour décourager tout retour en arrière ?
La séquence zemmour, qui est là pour durer, fait évidemment partie de la pente dans laquelle nous entraîne le dernier moment de la société du spectacle : le contrôle social simultanément autoritaire et démocratique : formaté par le haut par l’orwellisation massive des pensées et autogéré par le bas par l’affrontement des nouveaux variants de la non-pensée volontaire.
Il n’est plus temps de penser, de prendre du recul, mais d’aboyer vers l’avant, en endossant et en faisant endosser aux « ennemis » les étiquettes infamantes massivement diffusées et relayées par les politiques, les médiatiques et les zéros sociaux affamés de vengeance, dans l’état si avancé de décomposition et d’impuissance où se trouvent leurs existences.
Les catégories caricaturales, biaisées et le plus souvent délirantes auxquelles recourt la sémantique zemmourienne en toc, et qui occupent le devant de la scène médiatique-spectaculaire n’ont pour seul but que d’infiltrer les têtes et d’y remplacer l’activité consciente ; qu’on les reprenne ou qu’on s’y oppose.
Le mode dominant d’utilisation des mots par les médiatiques et les politiques puis, à la suite, par une immense quantité pyramidale de commentateurs, se situe ainsi au croisement :
– de l’hypnose,
– du discours performatif (lorsque l’énoncé d’une chose la fait advenir),
– de la prédiction autoréalisante (lorsque l’énoncé active une réaction),
– et du principe de proférence (à force de proférer un fait, on l’inscrit comme fait dans la tête des gens).
De sorte que se dessinera et se diffusera, dans l’ombre des mots, le fantôme de la chose.
C’est ainsi que le Covid est devenu une hantise bien plus contagieuse qu’un virus, que « l’invasion islamiste » a effectivement envahi les esprits, et que la « guerre civile » est déjà là, puisqu’ il suffit de le dire.
L’orchestration n’a évidemment rien de compliqué : elle relève simplement du martèlement monocorde à haute intensité.
Quant à vouloir y répondre, on voit assez dans quel combat perdu d’avance on s’engagerait. Car se lancer dans le rappel de ce qu’est une invasion, ou bien l’islam, ou encore une guerre civile, etc., demande, dans un ordre croissant de difficultés ; beaucoup de temps, une considérable dépense d’énergie, assez de rigueur et de constance pour produire des démonstrations, croiser et synthétiser des références ; et enfin trouver un espace pour l’exposer, et des oreilles encore capables d’écouter – tout en sachant qu’en face, on effacera le tout d’un seul biais.
Car on ne lutte plus, à ce stade de chosification de toute pensée, contre des idées, ni même des slogans, mais contre des bombes à fragmentation : chaque « mot » se répand et pénètre les consciences en y produisant dans toutes les directions la chose dont il parle.
La représentation de la chose agit dès lors au même titre que la chose, et produit ainsi des comportements identiques à ceux que produirait l’existence réelle de la chose.
On appellera cela la prestidigitation verbale volontaire, et c’est juste la version linguistique de la servitude du même nom. Enchainé à une représentation performative, le spectateur en devient le défenseur fanatique. A ce stade, la réalité n’a plus aucune importance : le spectateur la bombarde de dénis enthousiastes. Vous pouvez alors faire de lui à peu près tout ce que vous voulez. D’ailleurs il le fait maintenant tout seul. Il est temps de passer au vote : et la « démocratie » verrouillera le tout.
Il est clair que nous sommes bombardés à tout instant de causalités, nous trouvant de surcroît à l’intérieur d’une forêt de déterminismes. Ces causes et ces déterminismes sont en plus inextricablement connectés, même si nous en repérons spécifiquement quelques uns. Mais chacune de ces causes et chacun de ces déterminismes, pour simplement exister, et même pour pouvoir se connecter à d’autres, doit aussi nécessairement avoir une part d’autonomie, sans quoi tout ne serait que bouillie.
De la même manière, aussi peu que ce soit et que je puisse le discerner, je suis nécessairement moi-même une causalité spécifique ayant sa part d’autonomie.
C’est en tant que tel que « je » existe.
La question de savoir si nous sommes réellement, effectivement et véritablement libres – ou non – est de toute façon sans importance. Ce qui importe, c’est de nous saisir comme libres, puisque tout se passe comme si nous l’étions. Que je ne sois pas la cause de ces présents mots ne m’importe en rien, mais exclusivement le fait de pouvoir les écrire.
Autrement dit, dans la mesure où je me saisis comme étant libre de les écrire, ne pas en être libre n’y changera rien, sauf si, me saisissant comme non libre, cela me décourageait de les écrire, ou me ferait les écrire sur fond d’insignifiance et d’inutilité.
La seule « chose » qui puisse m’enlever ma liberté, c’est moi-même. Il ne dépend que de moi de me ressaisir comme libre, quelles que soient les reconfigurations de l’espace (géographique ou métaphysique ou autre) dans lequel ma liberté trouve à s’exprimer.
Pieds et poings liés dans le sombre recoin d’une minuscule cellule, ma liberté reste intacte et entière. Considérant la nouveauté de la situation où je me trouve, j’admets que l’espace dans lequel je puis encore me mouvoir s’est considérablement restreint. Certes cet espace est restreint, mais pas ma liberté. A l’intérieur de cet espace minuscule, je reste entièrement libre de faire tous les mouvements que je peux y faire. Ni plus, ni moins que dans n’importe quel autre espace. La taille de l’espace ne peut en lui-même en rien déterminer ma liberté, mais seulement déterminer son champ d’expression.
De sorte qu’évidemment, on peut être entièrement libre dans un espace infime – et prisonnier en plein air. Ce qu’on appelle la liberté extérieure est une liberté qui m’est extérieure.
La seule façon dont la diminution de l’espace dans lequel je peux exercer ma liberté peut restreindre ma liberté, c’est si j’identifie ma liberté à cet espace. C’est comme ça que les gens, se sentant privés de liberté parce qu’ils sont privés de certains espaces, s’enferment eux-mêmes dans cette privation. C’est comme ça qu’ils perdent de vue leur liberté, aveuglés par l’espace qui s’est réduit autour d’eux ou en eux.
On peut m’interdire des tas de choses, dresser mille obstacles devant, derrière et tout autour de moi, on n’a fait que modifier l’espace dans lequel pourtant ma liberté reste entière et intacte.
Evidemment, quand on s’identifie à ses conditions d’existence, quelles qu’elles soient, c’est notre liberté qu’on y conditionne, et une fois que cette identification s’est produite jusqu’à atteindre le sujet, le « je », il n’y a plus de sujet, mais rien qu’un objet : l’objet des conditions qui le déterminent.
L’importance de tout ceci, c’est que c’est très différent d’agir en hommes libres, en hommes auxquels rien ni personne ne peut enlever la liberté, plutôt que de réagir en esclaves. Réagir en esclaves, c’est reconnaître à d’autres le pouvoir d’atteindre notre liberté. Ils peuvent certes atteindre ce qu’on appelle « des » libertés, mais ces « libertés » ne sont en réalité que des modalités changeantes du champ d’expression de mon inviolable liberté.
Il reste pour finir deux points à préciser.
D’abord, que si aucun espace d’aucune espèce que ce soit (géographique ou métaphysique ou autre), ne détermine ma liberté, mais exclusivement son champ d’expression et de déploiement, il n’empêche que ma liberté est relative : relative à l’espace et au temps. Autrement dit elle n’est pas absolue.
Il faut attendre d’atteindre pour ça une possible dimension divine. Ce qui présuppose d’en préserver l’attribut souverain : la liberté. Nul ne sait ce que pourra l’humain, quand il réalisera sa souveraine liberté.
Ensuite, évidemment, il n’est pas indifférent que l’espace où se déploie ma liberté soit vaste ou ridicule, radieux ou pollué, etc. Mais tant que je ne peux rien y faire, il est inutile et vain de m’user à le nier. Non pas que je doive l’approuver, mais seulement l’accepter: pour autant que et tant que je ne peux rien y faire. Il est bien évidemment légitime et sain de refuser qu’on restreigne illégitimement l’espace où se déploie ma liberté ; et légitime de chercher par tous les moyens, eux-mêmes légitimes, à retrouver cet espace antérieur, voire à l’accroître, car cela est du domaine de ma liberté souveraine. Mais cela ne peut se faire valablement qu’en acceptant – toujours sans l’approuver – non pas cette diminution, mais sa réalité de fait. Cette acceptation, dans toute situation qui peut se présenter, est un principe d’économie de nos forces : ne pas les gaspiller en vain, les distribuer au plus juste.
Pieds et poings liés dans le sombre recoin d’une minuscule cellule, et dans l’incapacité présente de me détacher, j’en attends et si je peux j’en prépare l’occasion.
Sans l’approuver, j’accepte la situation ; tout en la refusant, j’y adapte ma liberté.
Voici donc à nouveau éclairci le secret de la servitude volontaire : c’est quand je cesse de me ressaisir libre et que je cesse même de le vouloir, que j’oriente ma volonté en direction de ma servitude, à laquelle j’identifie ma liberté.
It is clear that we are bombarded at any moment by causalities, finding ourselves moreover inside a forest of determinisms. These causes and determinisms are moreover inextricably connected, even if we specifically identify some of them. But each of these causes and determinisms, in order to simply exist, and even to be able to connect to others, must also necessarily have a part of autonomy, without which everything would be nothing but mush.
In the same way, as little as it is and as much as I can discern it, I am necessarily myself a specific causality having its share of autonomy.
It is as such that « I » exist.
The question of whether we are really, effectively and truly free – or not – is in any case irrelevant. What is important is to grasp ourselves as free, since everything happens as if we were. That I am not the cause of these words does not matter to me, but only the fact that I can write them.
In other words, insofar as I grasp myself as free to write them, not being free will not change anything, unless, grasping myself as not free, it would discourage me from writing them, or make me write them against a background of meaninglessness and uselessness.
The only « thing » that can take away my freedom is myself. It depends only on me to recapture myself as free, whatever the reconfigurations of the space (geographical or metaphysical or other) in which my freedom finds expression.
Bound hand and foot in the dark corner of a tiny cell, my freedom remains intact and whole. Considering the novelty of the situation in which I find myself, I admit that the space in which I can still move is considerably restricted. Certainly this space is restricted, but not my freedom. Inside this tiny space, I remain entirely free to make all the movements that I can make there. No more and no less than in any other space. The size of the space cannot in itself determine my freedom, but only determine its field of expression.
So obviously, one can be entirely free in a tiny space – and a prisoner in the open air. What is called external freedom is a freedom that is external to me.
The only way that the shrinking of the space in which I can exercise my freedom can restrict my freedom is if I identify my freedom with that space. This is how people, feeling deprived of freedom because they are deprived of certain spaces, lock themselves into that deprivation. That’s how they lose sight of their freedom, blinded by the space that has shrunk around them or within them.
They can forbid me a lot of things, put up a thousand obstacles in front of me, behind me and all around me, but they have only modified the space in which my freedom remains complete and intact.
Obviously, when we identify ourselves with our conditions of existence, whatever they may be, it is our freedom that we condition, and once this identification has occurred until it reaches the subject, the « I », there is no longer a subject, but only an object: the object of the conditions that determine it.
The importance of all this is that it is very different to act as free men, as men from whom nothing and nobody can take away freedom, than to react as slaves. To react as slaves is to recognize the power of others to achieve our freedom. They can indeed attain what are called « freedoms », but these « freedoms » are in reality only changing modalities of the field of expression of my inviolable freedom.
Finally, there are two points to be made.
First, if no space of any kind (geographical or metaphysical or other), determines my freedom, but exclusively its field of expression and deployment, it does not prevent that my freedom is relative: relative to space and time. In other words, it is not absolute.
It is necessary to wait to reach for that a possible divine dimension. What presupposes to preserve the sovereign attribute of it: the freedom. No one knows what the human being will be able to do, when he realizes his sovereign freedom.
Then, obviously, it is not indifferent that the space where my freedom unfolds is vast or ridiculous, radiant or polluted, etc. But as long as I can’t do anything about it, it is useless and vain to deny it. Not that I have to approve it, but only accept it: as long as I can’t do anything about it. It is of course legitimate and healthy to refuse that the space where my freedom unfolds is illegitimately restricted; and legitimate to seek by all means, themselves legitimate, to recover this former space, or even to increase it, because that is the domain of my sovereign freedom. But this can only be done validly by accepting – always without approving it – not this diminution, but its reality of fact. This acceptance, in any situation that may arise, is a principle of economy of our forces: not to waste them in vain, to distribute them as fairly as possible.
Bound hand and foot in the dark corner of a tiny cell, and unable at present to detach myself, I wait for it and if I can I prepare the occasion.
Without approving it, I accept the situation; while refusing it, I adapt my freedom to it.
Here is thus once again clarified the secret of voluntary servitude: it is when I cease to feel free and even cease to want it, that I direct my will towards my servitude, with which I identify my freedom.