« L’agent du spectacle mis en scène comme vedette est le contraire de l’individu, l’ennemi de l’individu en lui-même aussi évidemment que chez les autres. Passant dans le spectacle comme modèle d’identification, il a renoncé à toute qualité autonome pour s’identifier lui même à la loi générale de l’obéissance au cours des choses. »
Guy Debord, La société du spectacle.
Le Spectacle a tué Lola.
Danseuses brésiliennes, musique de boîte de nuit et feux d’artifice : pour fêter son « année record », Cyril Hanouna avait invité en cette fin octobre le dirigeant de C8, Franck Apietto, à venir « faire la fête » sur le plateau. Ce dernier est alors venu remettre un trophée au présentateur vedette, habillé façon bling-bling : lunettes de soleil, faux collier en or, fausse fourrure.
Lola est donc morte deux fois.
D’abord sacrifiée sur l’autel de la barbarie, selon un rituel spectaculairement étalé la veille dans l’émission du même animateur, elle l’a ensuite été sur l’autel de l’audience.
Pas encore physiquement enterrée, elle l’aura bien plus vite encore été symboliquement ; sa mort étant aussitôt recyclée en matière première sacrificielle apportée sur un plateau à l’idole jamais rassasiée dont Hanouna est l’un des prêtres : l’Audimat.
On le sait, le présentateur a depuis longtemps appris à gratter le populisme là où ça le démange, faisant d’une légitime défense en peau de boucs-émissaires un totem compensatoire pour l’impuissance et la résignation générale des foules atomisées, qui supportent chaque jour tant d’humiliations, en applaudissant tout ce qui fait écran à leur émancipation.
Pour ça, pas d’inquiétude, Hanouna est à son poste, et on n’y touchera pas : « Tous les jaloux, tous les rageux. J’ai envie de leur dire : Les chéris, ne vous inquiétez pas, on va continuer à faire deux millions et tout va bien se passer ».
Tiens, un style de mépris déjà entendu quelque part.
Parce qu’Hanouna aussi méprise la légitime décence.

C’est le besoin qu’on a d’elle qui fait la vedette, la misère du besoin.