À vendre, le messianisme daté, le catastrophisme fabuleusement aveuglé, les pillages de poètes bradés pour trois francs six sous.
À liquider, les stocks invendables de ruminations savantes, d’abnégations pour la liberté héroïquement refoulées.
À donner, la fraternité, l’esprit d’équité et toutes les photographies d’espèces disparues et en voie de disparition.
À piller – pis ! à brûler –, tous les commerces de malheur qui alourdissent le poids de cette Terre ; oui, de cette Terre encore et encore damnée.
À fuir, les lieux de tourments qui donnent la fierté des maîtres et la joie des scélérats.
À cartographier, les malheurs du monde, ou le monde à renverser.

À proscrire, les larmes politiciennes des éternels marchands de désespoir, leurs habiletés oratoires.
À conquérir, les terres brûlées du monde de la désolation, de notre désolation.
À abhorrer, le petit commerce bienfaisant des fils de colons, le sempiternel esclavage des bonimenteurs.
À déshériter en enfance, les voleurs d’âmes, les enrobeurs d’ordre et les soutireurs de leçons.
À bannir, la joie des retrouvailles précoces avec les asservissements d’antan.
À railler, ceux qui auront eu le choix de connaître la vérité, et qui se seront tout de même laissé duper.
À réarmer prestement, les fusils couchés des marins libres de Kronstadt.

À acclamer sans jugement, les révoltés incarcérés, les calomniés de demain.
À promulguer instamment, la loi qui abroge la loi des possesseurs de l’Histoire
Et qu’enfin, enfin on ne parle plus de toutes ces maudites affaires de conscience !






