Le monde-monde (5)





C’est blanc, avec de la poussière, peut-être une scène de manif, les gens crient, c’est encore une scène très violente, le bas de gamme quoi.

Depuis le temps que je traîne là-dedans, je tourne à l’angle d’une rue, ça devient rose, puis violet, un type s’approche de moi, je le connais mais je ne sais plus dans quelle strate de ma conscience il se trouve.

Le type me parle mais je n’entends rien, le son est coupé, ce n’est pas un amant, pas un proche, sinon je pourrais peut-être accéder au son sans payer.

Mais là, non, je n’ai pas payer ma facture, donc que dalle, j’entends rien.

Je souris bêtement, ça le navre on dirait, j’entends rien mais je devine, il prêche la bonne parole, quelque chose du style, l’humanité est en danger, il faut fuir, c’est catastrophique, il s’énerve tout seul.

Je crois qu’il  représente un parti politique ou un truc du style. Il déballe des tracts, les colle sur les murs.

Et puis il se fatigue de parler comme ça à une sourde, il se casse, je suis toujours au milieu de rien, beaucoup de fumée, des trottoirs, du bitume, je marche sans penser, il n’y a pas beaucoup de choix dans mon programme mais quand même, j’ai gardé une puce avec des options.



Je la sors, c’est l’image de l’image, ce que tu aimes de toi, ce qui te rassure, je me dis, « ça va me faire passer un p’tit moment », j’ouvre le programme.

Je vois l’image, c’est moi, on en est tous réduit à ça, à consommer notre propre image, et encore ça te pompe plein d’énergie d’un coup, c’est tout un récapitulatif de ta vie, une sorte de petit film perso, avec des gros plans, des moyens plans, des scènes d’amour réelles ou rêvées, ils mettent un peu des deux, pour faire plus exaltant….